Guerre de la drogue au Mexique : 4000 morts en un an

40 000 troupes de combat, 4 000 morts depuis le début de l’année : depuis que le président mexicain Felipe Calderón a déclaré il y a deux ans la « guerre aux trafiquants de drogue », les combats violents se sont multipliés au Mexique, en situation de "quasi-guerre".

Certains analystes commencent à mettre en garde contre les risques de « colombisation » du Mexique. Le crime organisé déploie des groupes paramilitaires dont l’armement, la discipline et l’entraînement n’ont pas grand-chose à envier à une armée régulière. La semaine dernière, au cours d’une opération spectaculaire, un des chefs de réseau a été arrêté. L’arsenal saisi comportait 500 armes, dont plus de 300 armes lourdes, un demi-million de cartouches, 200 grenades, des lance-roquettes. La terrorisation des populations fait aussi partie des armes utilisées : découverte d’une série de corps décapités dans le Yucatán, attentat à la bombe lors de la fête de l’indépendance dans l’ouest du pays, assassinats par balle d’officiels, comme celui qui a marqué les esprits d’un jeune maire populaire d’une banlieue de Mexico. Le gouvernement mexicain a du mal à dissiper les rumeurs de sabotage après le crash encore inexpliqué de l’avion du ministre de l’intérieur en plein centre de Mexico la semaine dernière, entraînant la mort de 14 personnes dont le ministre lui-même et un ancien responsable de la lutte contre le crime organisé.

Les Etats-Unis sont un protagoniste indirect du conflit : d’un côté ils allouent 400 millions de dollars d’aide financière aux autorités mexicaines pour lutter contre la drogue, de l’autre ils fournissent 90% de l’arsenal des milices paramilitaires des cartels, arsenal acheté légalement dans les armureries américaines à la faveur de la législation très souple des Etats du sud. Les Etats-Unis, enfin, fournissent la quasi-totalité de la demande et des débouchés commerciaux des trafiquants. Un risque de débordement du conflit n’est pas à exclure.