Helmut Schmidt et l’Afghanistan

Dans un long article publié par l’hebdomadaire Die Zeit, dont il est un des éditeurs, l’ancien chancelier allemand Helmut Schmidt, qui fête ces jours-ci ses quatre-vingt dix ans, conseille aux Européens de s’occuper de leurs voisins plutôt que de se préoccuper de pays lointains comme l’Afghanistan auxquels ils ne comprennent rien.

Le seul étranger qui ait jamais compris quelque chose à l’Afghanistan, affirme Helmut Schmidt, est Alexandre le Grand, qui est «  entré par l’ouest et immédiatement ressorti par l’est ». Tous les autres, des Britanniques aux Soviétiques s’y sont cassé les dents et il risque d’arriver la même mésaventure aux forces de l’OTAN.

Plus généralement, l’ancien chancelier se prononce contre les interventions dites humanitaires dans les pays étrangers « Beaucoup, écrit-il, ont été expliquées par des raisons hautement morales, par un devoir transnational à protéger des vies humaines et les droits de l’homme. Il est temps d’examiner sérieusement ces raisons. Une des causes de mon scepticisme est que certaines de ces interventions n’avaient pas seulement des fondements humanitaires mais aussi politiques. Un motif politique peut certes être habillé avec des considérations humanitaires ou juridiques, il reste de la politique – et très vite peuvent s’y mêler des instincts de puissance. D’autre part il me semble douteux que ces nombreuses interventions humanitaires aient été couronnées de succès […] Un troisième aspect est que des interventions qui seraient justifiées moralement et qui seraient même nécessaires ne sont pas entreprises parce qu’elles toucheraient les intérêts d’une grande puissance ou parce qu’elles supposeraient le déploiement de trop de forces […] Globalement, toutes ces interventions me donnent l’impression d’un grand opportunisme. »