Hommage à Francis Deron

Longtemps correspondant du journal Le Monde en Asie, en particulier en Chine et à Bangkok d’où il couvrait toute l’Asie du sud-est, notre ami Francis Deron est mort, vendredi 31 juillet, des suites d’un cancer. Il était âgé de 57 ans. Il venait de terminer un gros livre sur l’histoire des khmers rouges, qui analysait la folle et implacable machine de mort dont fut victime un tiers de la population cambodgienne. En hommage au travail que Francis Deron a accompli pour détruire les mythes du maoïsme et faire comprendre la Chine, d’abord aux abonnés de l’Agence France Presse où il avait commencé sa carrière en 1976, ensuite aux lecteurs du Monde, nous publions de larges extraits d’un essai publié en mars dans la revue Commentaire (numéro 125, printemps 2009), sous le titre "Cimetières du maoïsme". 

Dans sa présentation, Jean-Claude Casanova, directeur de Commentaire, que nous remercions d’avoir bien voulu permettre à Boulevard Extérieur de reproduire cet essai, écrivait ceci :

« Commentaire, depuis sa fondation, a toujours réprouvé les silences et les complaisances de trop d’industriels, de trop de diplomates et de trop d’hommes politiques français à l’égard des régimes tyranniques. On conseille aux Français, ici ou là, de ne pas en rajouter sur les droits de l’homme, de mieux « comprendre » ces « régimes », qui ne sont certes pas libéraux, mais qui ne peuvent pas l’être du fait de l’histoire ou des circonstances. Bref, on nous conseille de ne pas critiquer les autocraties ou les tyrannies, dans l’intérêt de notre commerce et de notre politique étrangère. Cette attitude est offensante. Pour les Français à qui elle suggère de voiler la vérité. Pour les Chinois, les Russes, pour d’autres encore, car elle méprise ceux qui, dans ces pays, luttent pour la liberté. Attitude offensante, écrivons-nous. Peut-être devrait-on ajouter : méprisable. »

C’est pour lutter contre cette forme de mépris que Francis Deron a exercé son métier de journaliste.