Il y a cinquante ans aux Nations Unies...

Le 24 septembre 2009, à l’assemblée générale de l’ONU à New York, au moment où Mahmoud Ahmadinejad s’en prenait au capitalisme sauvage qui, selon lui, a atteint la fin de sa route et subira le même sort que le marxisme, un bon nombre de délégations, dont celle de la France, a quitté les lieux, abandonnant au président iranien une salle à moitié vide. Le 25 septembre 1959 à l’ONU, il y a 50 ans presque jour pour jour, les représentants de la France avaient, eux aussi, gagné la sortie (mais ils étaient sans doute les seuls) pour protester contre la diatribe de l’ambassadeur saoudien Ahmad Shukairy (un palestinien qui sera le premier président de l’OLP), qu’ils qualifiaient de violente et insultante envers le général de Gaulle et la mise en œuvre de son processus d’autodétermination pour faire cesser les hostilités en Algérie. http://www.guardian.co.uk/

Le journal britannique The Guardian (26 septembre 2009), qui doit être probablement le seul de la presse internationale à exhumer ce souvenir, relève que le président de l’Assemblée, le péruvien Fernando Belaunde (il sera élu président de son pays en 1963) a interrompu rapidement l’orateur pour lui demander de modérer son langage, sans succès. Les « pieds noirs » et l’armée en avaient pris pour leur grade : "We know there are some bloodthirsty colons who are ready to step up the maximum figure of President de Gaulle [ …] We know such thirst for blood is to be found in the French Army itself." avait lancé le délégué de l’Arabie saoudite.

Reprenant donc la parole, M. Shukairy a décrit le processus d’autodétermination de de Gaulle comme « une fraude », « un chaos pur et simple », dont les détails sont « épouvantables  ». "Self-determination is killed by the measures prescribed for its application ; and President de Gaulle killed his own child at its first breath of life. With the corpse thrown at the steps of the United Nations, some have rushed to welcome it as the solution to the Algeria question" rapporte le Guardian. Avant cet incident, le diplomate saoudien avait indiqué que l’Algérie était disposée à accepter un referendum sous l’égide des Nations Unies. "If President de Gaulle means real business." he added, "if he desires real democracy and if he wants a clean and neat referendum, he should hand over the whole operation to the United Nations. … I can state categorically that the Algerian Government will accept the result (of such referendum) – for independence, for union with France, or for federation. This is the challenge we put before France. If President de Gaulle accepts this United Nations role, the Algerian Government would be ready to negotiate with the French Government to discuss the conditions for a cease-fire.". Mais on le sait : de Gaulle était résolument opposé à toute intervention de l’ONU dans le règlement de « la question algérienne ».