Incertitudes sur le sort de Jose Manuel Barroso

La victoire des conservateurs devrait théoriquement assurer à José Manuel Barroso un nouveau mandat de cinq ans à la tête de la Commission européenne. La plupart des dirigeants des 27 pays de l’UE se sont déjà prononcés en sa faveur. Mais le résultat des urnes et le calendrier institutionnel et politique pourraient compliquer ce scénario. (Sources : La Tribune, France Culture).

L’ancien Premier ministre portugais, qui est pratiquement assuré d’être désigné politiquement comme son propre successeur lors d’un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE les 19 et 20 juin, reste pour le moment dans le flou quant à sa désignation juridique. Deux options coexistent : la première est celle d’une désignation avec le traité de Nice : un vote des eurodéputés à la majorité simple, sans doute mi-juillet, dès que le nouveau Parlement sera installé. Second scénario : l’application du traité de Lisbonne (une fois que celui-ci aurait été ratifié par l’Irlande, à l’automne), qui prévoit une élection du président de la Commission à la majorité absolue.

L’insistance de Nicolas Sarkozy et des autorités françaises à réclamer une nomination du président de la Commission sous le régime du traité de Lisbonne peut se lire comme une volonté de faire monter la pression sur Barroso. "José Manuel Barroso est un bon président de la Commission mais il y a une procédure démocratique à respecter", répète avec insistance Bruno Le Maire, le secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes, qui indique que les Etats chercheront simplement mi-juin à donner une "indication". Bruno Le Maire parle aussi, en privé, de la nomination d’un président provisoire de la Commission européenne.

La France souhaite que le candidat désigné se prononce sur des questions telles que les frontières de l’UE et l’entrée de la Turquie dans le bloc, les questions économiques, la régulation financière ou encore la politique de concurrence. Autant de sujets sur lesquels Paris, qui insiste par exemple pour que "la concurrence ne soit plus l’alpha et l’oméga de la politique économique européenne", est loin d’être sur la même longueur d’ondes que Barroso. La plupart des autres pays se retranchent quant à eux pudiquement derrière le "débat en cours" pour éviter d’avoir à se prononcer.