Chrétiens-démocrates, laïques et communistes s’étaient mis d’accord après la Deuxième guerre mondiale sur un postulat : écarter de la vie politique les héritiers directs ou indirects de Mussolini. L’Alliance nationale de Gianfranco Fini, née sur les décombres du Mouvement social italien qui se réclamait encore du Duce, a renié ses origines pour participer aux premiers gouvernements Berlusconi.
Le temps du consensus semble terminé. Le correspondant culturel de la Frankfurter Allgemeine Zeitung en Italie, Dirk Schümer, rapporte que le révisionnisme historique de droite a le vent en poupe en Italie. Ce n’est pas totalement nouveau. Depuis plusieurs années déjà, l’anniversaire de la République de Salo -le régime fasciste éphémère qui tenta de survivre à la mort de Mussolini- fait l’objet de controverses. Mais cette fois, la phénomène est plus large. Après l’élection du nouveau maire de Rome Gianni Alemanno, qui a du mal a se défaire de ses origines néofascistes, ses partisans ont salué sa victoire avec le salut fasciste.
Pour la Pentecôte, les anciens combattants de Salo avaient projeté de parader dans les rues de Cueno, dans les Alpes, pour honorer cette ville « martyre » qui vit des durs combats entre les partisans et les forces nazies en 1943. Ils ont annulé le défilé à cause des protestations des habitants mais ils ont pu être réconfortés, écrit Dirk Schümer, par les paroles prononcées par Silvio Berlusconi pour la fête de la Libération de l’Italie, le 25 avril : honorons la résistance mais il est temps aussi de comprendre enfin les raisons des « ragazzi di Salo ».
Le même jour, le maire (Alliance nationale) de Trieste a refusé de participer aux fêtes de la Libération si on n’honorait pas en même temps les victimes des communistes yougoslaves qui occupèrent la ville à la fin de la Deuxième guerre mondiale. Toujours à Trieste, des jeunes affublés d’une chemise noire s’en sont pris à la minorité slovène, en l’insultant et lui déniant la qualité d"’européenne". Autre exemple cité par la FAZ : à Mantoue, les héritiers d’un bourreau fasciste voulaient en son nom décerner un prix dans un établissement scolaire qui porte, justement, le nom d’une victime juive du fascisme.