Ivica Dacic, l’homme-clé de la nouvelle Serbie

Paradoxalement, le ministre de l’Intérieur qui aura permis l’arrestation de Radovan Karadzic est Ivica Dacic, le jeune chef du Parti socialiste. Né en 1966, héritier politique de Slobodan Milosevic, Ivica Dacic est pourtant désormais l’allié des Démocrates serbes du président Boris Tadic et il a rallié ses troupes à la perspective européenne.  

L’arrestation de Radovan Karadzic est le résultat direct des élections du mois de mai dernier, qui a permis la mise en place d’une nouvelle constellation politique à Belgrade. Le Parti démocrate (DS) du président Boris Tadic a remporté les élections sur la promesse de rapprocher la Serbie de l’Europe, et donc de se plier aux exigences de coopération avec le TPIY. La présence dans la coalition gouvernementale d’Ivica Dacic, chef du Parti socialiste de Serbie (SPS), fondé par Slobodan Milosevic, a pu laisser planer un doute sur la sincérité de cet engagement. Et ce d’autant plus que Dacic obtenait le ministère de l’Intérieur. Cependant un « deal » a permis aux démocrates de s’assurer que le SPS se rallie pour de bon à la perspective européenne et accepte donc la coopération avec le TPIY. Ivica Dacic a accepté le marché, et le ralliement du SPS a indirectement mis fin à la protection des fugitifs.

Naturellement, Ivica Dacic, pour des raisons de politique intérieure, a insisté pour dire que la localisation et l’arrestation de Karadzic n’étaient pas de son fait. Il reste que l’élément-clé de toute cette affaire a été la démission, le 11 juillet 2008, de l’ancien chef des services secrets, Rade Bulatovic, proche du précédent premier ministre Vojislav Kostunica, désormais hors-jeu à Belgrade. Cet événement a privé Radovan Karadzic du soutien dont il disposait encore dans les coulisses du pouvoir. Karadzic a été arrêté deux semaines après la formation du nouveau gouvernement, et quatre jours seulement après la nomination du nouveau chef des services secrets, Sasa Vukadinovic.