Kouchner et le destin de Rastignac

Dans le New York Times (5 octobre 2010), Robert Zaretsky, professeur d’histoire de France au Houston Honors College, se penche sur les affres qu’a connues ce « transfuge de la gauche », et le destin du célèbre promoteur du « droit d’ingérence », étrangement comparable, selon lui, à celui du provincial balzacien.

Hasard du calendrier : le ministre des Affaires étrangères devait révéler le lendemain, le 6 octobre, qu’il avait remis en août dernier sa lettre de démission au Président de la République, auquel il reprochait sa politique sécuritaire et, indirectement, les humiliations qu’il avait endurées de la part de deux de ses conseillers à l’Elysée.

« Il n’y a pas de principes, il n’y a que des événements » explique le criminel Vautrin à un Rastignac qui consentira, contre de l’argent, à épouser une jeune veuve sans savoir qu’il doit aussi tuer le frère de cette dernière (« Le Père Goriot  »). Drogué par Vautrin, Rastignac s’avère incapable de refuser.

Certes, écrit en substance l’auteur, si le gouvernement français a procédé à des centaines d’expulsions de Rom depuis le mois d’août, il n’a tué personne, contrairement à ce qui se passe dans le roman de Balzac. Mais le Kosovo apparaît comme étant la destination de nombreux Rom déportés, alors que, cruelle ironie du sort, c’est en grande partie à Kouchner que ce pays doit son indépendance. » Non seulement il a inlassablement appelé à une intervention armée pour arrêter les actions de la Serbie au Kosovo, mais il a aussi servi le pays comme premier gouverneur provisoire. Cela a été, a-t-il dit, l’époque la plus heureuse de sa vie ».

« Ce temps là est révolu, continue le professeur. En tant que ministre des Affaires étrangères de la France, Kouchner est désormais soumis aux mêmes critiques que celui-ci exprimait durant les crises du Kosovo, du Rwanda et du Darfour ».

http://www.nytimes.com/2010/10/06/opinion/06iht-edzaretsky.html?_r=2&ref=global-home