L’Allemagne et l’UE : priorité à la question énergétique

Tirant les conséquences du conflit gazier entre la Russie et l’Ukraine et en prévision du Conseil européen du 19 mars prochain, consacré à l’énergie, la chancelière allemande Angela Merkel demande à la Commission européenne de favoriser les grands groupes privés dans la mise en oeuvre des investissements pour l’acheminement, la transformation et la distribution d’énergie en Europe. Source Süddeutsche Zeitung

Dans la perspective du Conseil européen du 19 mars qui devrait avoir l’énergie comme principal point de son ordre du jour, Angela Merkel a adressé une lettre au président de la Commission José Manuel Barroso. Dans ce texte, que s’est procuré le quotidien de Munich Süddeutsche Zeitung, elle propose de passer rapidement à la troisième phase de l’ouverture des marchés de l’énergie et s’oppose à l’idée soutenue par la Commission d’un investissement d’un milliard d’euros dans la construction des gazoducs et des oléoducs. Elle se prononce pour que les grands groupes énergétiques privés soient les maîtres d’œuvre dans les investissements pour l’acheminement, la transformation et la distribution d’énergie en Europe.

Angela Merkel refuse de trancher entre le projet South Stream soutenu par la Russie et l’Italie pour acheminer vers l’Europe le gaz de la mer Caspienne, et le projet Nabucco, qui passe par la Turquie et contourne la Russie. Ces deux projets sont concurrents dans la mesure où la production de gaz de la mer Caspienne ne suffira pas à alimenter les deux circuits. Les deux gazoducs ne seraient rentables que si Nabucco pouvait aussi recevoir du gaz iranien. Cela suppose que les sanctions frappant l’Iran aient été levées et que les relations se soient normalisées. Sans surprise, Angela Merkel soutient aussi le projet North Stream, qui va directement de la Russie à l’Allemagne sous la mer Baltique en court-circuitant les pays baltes. L’ancien chancelier Gerhard Schröder est président du consortium, filiale de Gazprom, qui construit ce gazoduc.