L’Europe accusée de complaisance envers les dictatures

La visite à Bruxelles, le 24 janvier 2010, du dirigeant ouzbek Islam Karimov, a provoqué un malaise d’autant plus sensible qu’elle coïncidait avec la publication du rapport 2011 de l’ONG Human Rights Watch (HRW), stigmatisant les « stratégies complaisantes » adoptées par de nombreux gouvernements démocratiques à l’égard des régimes autocratiques.

Reçu par le président de la Commission européenne et le secrétaire général de l’OTAN, Karimov est considéré comme l’un des pires dictateurs de la planète. L’Union européenne avait imposé des sanctions à l’égard de l’Ouzbékistan (riche en gaz) après le massacre de manifestant à Andijan, mais les avait levées quatre ans plus tard sans que, pourtant, l’enquête indépendante demandée ait été ouverte.

« Ainsi, au lieu de faire preuve de fermeté à l’égard des chefs d’Etat responsables de violations de droits, de nombreux pays, dont plusieurs Etats de l’UE, adoptent des politiques qui ne comportent aucun élément de pression susceptible d’inciter à un changement de politique dans ce domaine » indique l’ONG dans son rapport de 649 pages. Rapport où figure en bonne place la situation « déplorable » des droits humains en Tunisie, et le rôle qu’y jouent les acteurs internationaux clés , dont la France, premier partenaire commercial de ce pays et son quatrième investisseur étrangers. (http://www.hrw.org/)

Ainsi, à propos de la Tunisie, « rarement l’Union européenne a été autant prise au dépourvu » , relève le New York Times (24 janvier 2010). « Deux semaines après la fuite du président Ben Ali, la seule réponse de l’Union a été de promettre une assistance à la préparation d’élections libres ». Car, estime Carl Bildt, le ministre suédois des Affaires étrangères, ce qui ne marche pas dans la politique étrangère européenne, « c’est que les officiels sont complètement absorbés par les batailles bureaucratiques », rapporte le quotidien américain. Selon cette personnalité, les structures bruxelloises seraient « incapables d’apporter des réponses concrètes et rapides à ce qui se passe tant en Tunisie qu’en Biélorussie où, un mois après la répression des forces démocratiques, ses leaders et des centaines de manifestants sont toujours en prison ».