L’Europe sous perfusion

Le sommet du G20 a réuni les chefs d’Etat et de gouvernement de ce forum dans la station balnéaire de Los Cabos au Mexique. Le ralentissement de l’activité économique mondiale et la situation de l’Europe ont été au centre des discussions.

Sous les palmiers de Los Cabos, en Basse Californie mexicaine, les chefs d’Etat et de gouvernement du G20 se sont penchés sur l’économie mondiale. Une patiente dont même les membres les plus vaillants ressentent les effets de la maladie de langueur européenne. C’est la deuxième fois seulement depuis sa création en 2008 que le G20 se réunit dans un pays émergent, après la Corée du sud en 2010. Le paradoxe est que cet aréopage était destiné à associer les pays en fort développement aux vieilles nations industrielles qui avaient déjà leur propre forum avec le G7-G8. Tout se passe comme si les rôles étaient en train de s’inverser. Les « riches » se retrouvent dans la position de demandeurs et les émergents dans celle de donneurs de leçons.
A Los Cabos l’Europe a été au centre de toute l’attention. Pas seulement parce que les représentants européens sont les plus nombreux. Aux dirigeants de six Etats s’ajoutent le président de la Commission de Bruxelles, le président du Conseil européen et le président de la Banque centrale. Cette sur-représentation de l’Europe agace les autres participants, comme c’est aussi le cas dans d’autres organisations internationales mais personne n’a trouvé une solution. Les délégués « nationaux » ne veulent pas céder leur place à un représentant supranational qui n’est pas en mesure de parler au nom de l’Union européenne.
Quoi qu’il en soit, les Européens ont été mis sous pression par leurs partenaires. L’Europe doit faire plus pour mettre de l’ordre dans ses affaires et pour relancer la croissance. A la grande satisfaction de François Hollande, la croissance a été le maître-mot de ce sommet. Le communiqué final demande aux pays « disposant de marges de manœuvre budgétaires » de prendre des mesures pour stimuler la consommation intérieure. L’Allemagne et la Chine devraient se sentir visées. Mais comme le texte ajoute « à leur discrétion », elles restent libres de faire ce qu’elles veulent.
De ce point de vue, le G20 n’a pas été plus précis que lors de ses dernières réunions, ou que l’UE. Tout le monde est pour la croissance mais chacun met ce qu’il souhaite derrière ce mot. Les Américains ont peut-être montré la voie dès le lendemain de la réunion de Los Cabos quand la Réserve fédérale a réinjecté plus de 200 milliards de dollars dans l’économie. Cependant, la mesure a été jugée insuffisante par les marchés qui attendaient plus.
L’économie américaine souffre du ralentissement de l’activité en Europe qui entraîne une baisse des exportations. Même chose pour la Chine. Pékin a décidé un vaste programme de grands investissements publics (environ 400 milliards de dollars), qui reste toutefois inférieur de près de la moitié au plan de relance de 2008. Les dirigeants chinois parlent beaucoup d’une réorientation de leur croissance économique fondée jusqu’à maintenant sur les exportations. La consommation intérieure devrait prendre la relève mais ces intentions restent pour l’instant à l’état de discours. Les investissements publics et les sociétés d’Etat continuent d’être privilégiés.
La Chine a été mise à contribution pour augmenter la force de frappe du Fond monétaire international. 456 milliards de dollars supplémentaires seront mis à la disposition de l’institution internationale. Ainsi en a décidé le G20. La Chine contribuera pour 10% environ. La part du lion sera assurée par les Européens. Les pays émergents conditionnent leur participation à l’entrée en vigueur de la réforme des droits de vote au FMI, décidée en 2010.
A Los Cabos, tous les participants ont encouragé les Européens à prendre des décisions rapides et à poursuivre leur intégration. Le Conseil européen du 28 et 29 juin sera-t-il décisif ? Angela Merkel, qui s’est encore retrouvée sous la pression de ses partenaires du G20, a déjà averti que la prochaine réunion à Bruxelles « ne réglerait pas tout ». Certes. Une absence totale de résultat ne ferait toutefois que renforcer l’idée très répandue dans la monde que l’Europe est non seulement malade mais incapable de se soigner.