L’Europe veut-elle la paix ou "avoir la paix" ?

Le magazine L’Expansion publie dans son édition du 1er octobre 2008 un entretien avec Thérèse Delpech (propos recueillis par Bernard Poulet). Chercheuse associée au Centre d’études et de recherches internationales (Ceri) et directrice des affaires stratégiques au Commissariat à l’énergie atomique (CEA), Thérèse Delpech a participé à la rédaction du livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, présenté par Nicolas Sarkozy le 17 juin dernier.

Le message central de Thérèse Delpech est le suivant : « il faut regarder la réalité en face et ressusciter la pensée stratégique en Europe. (…) L’Europe veut sans doute la paix, noble objectif, mais désire surtout avoir la paix, ce qui est moins admirable. En France, très peu de politiques reconnaissent la nécessité de prendre des risques, de se battre et de parler de la guerre. (…) Ce n’est pas en proclamant que la guerre est la pire des choses que l’on y mettra fin : je trouve pathétique cette forme de pensée magique compte tenu des dangers qui se profilent à l’horizon. (…). Le déplacement du centre de gravité des affaires stratégiques de l’Europe vers l’Asie ne nous met pas à l’abri ».

A l’heure où la Chine se positionne dans l’espace, Thérèse Delpech parle de l’importance du domaine spatial dans les conflits de demain : « le spatial est un multiplicateur de forces. Dès les premières heures d’un conflit, il peut permettre de détruire les défenses adverses. Il est essentiel pour l’observation, les communications, l’écoute... La Chine l’a compris mieux que les Européens. Après la première guerre du Golfe, en 1991, les Chinois ont entrepris un effort considérable pour rattraper leur retard. Ils ont d’ailleurs fait, en 2007, une démonstration remarquable, détruisant un microsatellite en orbite basse. Une performance qui a inquiété les Occidentaux à juste titre.