L’Italie en reconstruction

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 Il y a un an, le « technocrate » Mario Monti, ancien commissaire européen et économiste respecté, succédait à Silvio Berlusconi à la tête du gouvernement italien. Au moment où l’on dresse un bilan de son action après douze mois de pouvoir, la question se pose aussi de savoir s’il envisage d’être reconduit au lendemain des élections législatives d’avril 2013 ou si, estimant sa mission accomplie, il préfère se retirer pour permettre le retour des partis politiques.

 Le bilan de Mario Monti est plutôt positif, même si le pays est toujours en récession et le chômage en augmentation. Les sacrifices demandés aux Italiens sont douloureux. La hausse des impôts et la réduction des dépenses publiques sont mal vécues par la population, qui manifeste dans la rue son mécontentement. Toutefois, en alliant mesures d’austérité et réformes de structure (retraites, droit du travail), l’ancien commissaire européen a rétabli la crédibilité de l’Italie vis-à-vis des marchés.

 Depuis un an, Mario Monti applique sans faiblir un programme de rigueur. Il se dit persuadé que l’opinion est prête à accepter cette « potion amère » pour le bien du pays. « Les peuples sont en réalité plus mûrs que ne le pensent les politiques », affirme-t-il dans un entretien aux Echos, avant de souhaiter que la discipline budgétaire s’accompagne, au niveau européen, de mesures favorables à l’investissement public.

 Le chef du gouvernement italien mise sur la confiance qu’il inspire à l’intérieur comme à l’extérieur de son pays. Il se félicite notamment que l’Italie soit redevenue « un partenaire actif de l’Union européenne ». Mais les incertitudes de sa succession sont un facteur de fragilité. Pour le remplacer à la tête du gouvernement, les candidats se bousculent mais aucun ne peut se prévaloir de la réputation internationale dont jouit l’ancien commissaire européen.

 A droite, Silvio Berlusconi semble prêt à passer la main, en dépit de déclarations contradictoires. Son parti, le Peuple de la liberté, est au plus mal et ses anciens alliés, Gianfranco Fini et Umberto Bossi, sont compromis dans des scandales de corruption et d’enrichissement personnel. Aucune personnalité n’émerge des ruines laissées par l’ancien président du Conseil.

 A gauche, des primaires vont prochainement départager les deux principaux dirigeants du Parti démocrate : Pier Luigi Bersani, son secrétaire général, et Mattéo Renzi, le jeune maire de Florence (37 ans), qui incarne sans complexes un social-libéralisme à la Tony Blair. Maître de l’appareil, le premier apparaît aujourd’hui comme le favori de ce combat interne. 

 Si les élections ne donnent pas un résultat net, il se peut que Mario Monti soit incité à se succéder à lui-même. Plusieurs personnalités viennent de lancer un appel en ce sens. Parmi elles figurent le directeur général de Ferrari, Luca di Montezemolo, le secrétaire général de la Confédération italienne des syndicats de travailleurs (CISL), Raffaele Bonanni, et le fondateur de la Communauté Sant’Egidio, aujourd’hui ministre de la coopération, Andrea Riccardi. Les signataires proposent que soit mis en place après les élections, sous la direction de Mario Monti, un « gouvernement de reconstruction nationale ».

 Une autre hypothèse serait que l’actuel premier ministre soit invité à accéder à la fonction de président de la République. A la tête de cette magistrature d’influence, il pourrait continuer à exercer son autorité. Quel que soit le poste qu’il sera appelé à occuper, sa présence aux responsabilités reste un élément-clé du redressement économique du pays.