L’UE surmonte l’épreuve du Kosovo

Rien n’est réglé au Kosovo. Mais l’UE ne s’est pas déchirée à cette occasion malgré des positions divergentes à propos de la reconnaissance du nouvel Etat. A preuve : la mise en œuvre d’une mission de soutien juridique et policier aux nouvelles autorités (mission Eulex).

Les vingt-sept chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne, réunis à Bruxelles, ont pu constater avec satisfaction qu’ils avaient franchi avec succès l’obstacle du Kosovo. Certes, rien n’est réglé dans cette ancienne province serbe qui a proclamé son indépendance le 17 février. Mais l’UE ne s’est pas déchirée à cette occasion malgré des positions divergentes à propos de la reconnaissance du nouvel Etat. Les Vingt-sept s’étaient fixé une règle et s’y sont tenus : chaque pays membre est libre de reconnaître ou de ne pas reconnaître le Kosovo indépendant mais aucun ne doit faire obstacle à la mise en œuvre de l’opération de soutien juridique et policier aux nouvelles autorités (opération baptisée Eulex).

Jusqu’à maintenant quinze Etats de l’UE ont reconnu l’indépendance du Kosovo, dont la France, l’Allemagne et l’Italie. Deux sont encore indécis, Malte et le Portugal, avec une tendance favorable à la reconnaissance pour ce dernier. Cinq ne reconnaîtront pas le Kosovo dans l’immédiat : l’Espagne, la Grèce, Chypre, la Roumanie et la Slovaquie.

Toutefois les Etats réfractaires participeront à Eulex, à l’exception de Malte qui n’a pas suffisamment de magistrats et de policiers à sa mettre à la disposition de l’UE. La mission comptera près de 2000 personnes, y compris des douaniers, des gendarmes, des procureurs et des divers experts. L’Allemagne fournit actuellement le plus gros contingent (130 personnes), suivie de l’Italie (86), de la Suède (72) et de la France (66). Des pays tiers -les Etats-Unis, la Turquie, la Suisse- participent à l’opération.

Eulex ne sera pleinement opérationnelle qu’en juin. C’est à ce moment-là que l’UE prendra la relève de la Minuk pour la « surveillance » de l’indépendance kosovare. Un des objectifs de l’UE sera de permettre aux dirigeants de Pristina d’exercer leur autorité sur l’ensemble du territoire, y compris sur les enclaves où vivent encore un peu plus de cent mille Serbes. D’autre part, la force de l’OTAN, KFOR, forte de 16 000 soldats, continuera à assurer, aussi longtemps que nécessaire, la sécurité intérieure et extérieure du Kosovo.