La comparaison est souvent faite entre la transition gérée par Barack Obama et l’improvisation qui avait présidé à la passation des pouvoirs entre George H. Bush et Bill Clinton en 1992. Ces commentaires ont même irrité l’ancien président démocrate à un point tel qu’ils ont failli torpiller la nomination de sa femme Hillary au département d’Etat.
Un grand nombre de « clintoniens » se retrouvent aujourd’hui autour du président élu. Il n’en reste pas moins que la comparaison la plus pertinente est entre l’équipe de Barack Obama et celle qu’avait rassemblée John Kennedy en 1960. Il avait fait appel à des intellectuels, super-diplômés, qu’il était allé chercher dans le secteur privé. L’exemple le plus célèbre est resté Robert McNamara, un ancien de Harvard, que le nouveau président avait débauché de Ford pour en faire son secrétaire à la défense. En 1972, vers la fin de la guerre du Vietnam, le journaliste américain David Halberstam avait publié un livre intitulé The Best and the Brightest (les meilleurs et les plus intelligents), selon une expression de Kennedy pour présenter ses collaborateurs.
Le chroniqueur du New York Times David Brooks s’est amusé à faire la liste des super-diplômés dans l’entourage de Barack Obama. Il a trouvé un nombre impressionnant d’anciens étudiants de Harvard, Princeton, Yale, les trois universités américaines les plus réputées, appartenant à la célèbre Ivy League (les huit universités privées les plus prestigieuses des Etats-Unis dont certaines ont été fondées dans la période coloniale). Pour les conférences de presse, ces hauts responsables seront « deux fois plus intelligents que les journalistes qui les interrogeront et trois fois plus que le chroniqueur », écrit avec humour David Brooks.
Mais il ne suffit pas d’être le plus diplômé pour faire un bon ministre ou un bon conseiller. L’expérience de la présidence Kennedy et surtout celle de son successeur Lyndon Johnson, qui reprit la plupart des collaborateurs du président assassiné à Dallas en 1963, sont là pour le prouver. Ce sont ces gens « les meilleurs et les plus intelligents » qui s’embourbèrent dans une politique sans issue au Vietnam.
Toutefois, il y a une différence entre l’équipe de Kennedy et celle de Barack Obama. Les collaborateurs que le nouveau président a réunis autour de lui sont non seulement supposés être « les meilleurs et les plus intelligents » mais ils ont déjà pour la plupart une expérience de gouvernement, ce qui n’était pas le cas de leurs lointains précurseurs de 1960. C’est peut-être une garantie qu’ils ne commettront pas les mêmes erreurs, dues en partie à leur supposée supériorité intellectuelle.