L’inquiétude de Jean-Claude Trichet

Dans un entretien au magazine Der Spiegel (édition du lundi 17 mai 2010), Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne (BCE) estime que l’Europe se trouve « sans doute dans la situation la plus difficile depuis la deuxième guerre mondiale, peut-être même de la première ».

Jean-Claude Trichet compare la situation de l’eurozone à la fin de la semaine dernière avec la période qui a suivi la crise financière en 2008 : « les marchés ne fonctionnaient plus, dit-il, c’était presque comme après la faillite de Lehman Brothers ». « Nous avons vécu et nous vivons encore des temps vraiment dramatiques ». le danger d’une « contagion » existe toujours « et cela peut aller très vite ».

Le président de la BCE demande « un saut qualitatif dans la surveillance réciproque de la politique économique en Europe ». Il faut « de véritables sanctions contre ceux qui ne respectent pas le pacte de stabilité et de croissance […] Les gouvernements se sont engagés à consolider les finances publiques. Ils savent ce qui est jeu ».

Jean-Claude Trichet défend l’indépendance de la banque centrale : « En aucun cas nous n’avons cédé aux chefs d’Etat et de gouvernement. Seule notre propre appréciation de la situation a pesé sur notre décision. Nous n’écoutons les recommandations ni des gouvernements, ni des marchés ni des partenaires sociaux », affirme-t-il à propos de la décision de la BCE de racheter des obligations des Etats en difficulté.

Il rejette l’idée que cette mesure pourrait avoir des effets inflationnistes : « Nous retirons complètement les liquidités ainsi créées, jusqu’au dernier euro. Nous n’avons jamais hésité une seconde pour prendre les décisions nécessaires pour garantir la stabilité des prix ».