La COP21, chef d’œuvre de Hollande en péril

C’était au mois de décembre 2015 au Bourget. « Un petit marteau mais un grand pas pour l’humanité », avait dit Laurent Fabius, qui s’apprêtait à quitter le Quai d’Orsay, en scellant l’accord sur le réchauffement climatique. Obtenu de haute lutte, il engageait les 195 Etats présents en France à œuvrer pour limiter « bien en deçà de 2° » la hausse de la température. Neuf mois plus tard, ce qui apparaissait alors comme le grand succès diplomatique de la présidence de François Hollande est en péril. Lors de son discours devant la conférence des ambassadeurs, le mardi 30 août, le chef de l’Etat, a eu du mal à cacher son inquiétude. Et Laurent Fabius est sorti au même moment de son silence de président du Conseil constitutionnel pour appeler à sauver ce qui peut l’être encore.
L’accord de Paris prévoit en effet que 55% des Etats représentant plus de 55% des émissions de gaz à effet de serre aient ratifié l’accord pour que celui-ci entre en vigueur. Or nous en sommes à moins de 2% ! Les plus grands pollueurs n’ont pas ratifié : la Chine, l’Inde, la Russie, l’Union européenne (il faut que les vingt-huit aient ratifié séparément pour que l’UE puisse le faire). La France a fait ses devoirs. Elle attend ses partenaires européens pour déposer les instruments de ratification. Quant à un autre grand pollueur, les Etats-Unis, il est probable qu’ils ne ratifieront pas le texte. Vue l’opposition du Congrès, Barack Obama se contentera de « rejoindre » « l’accord universel sur le climat ».
Les ratifications auraient dû être réglées avant la fin de l’année. François Hollande va encore s’y employer. Il va plaider la cause de l’accord de Paris auprès des dirigeants des grandes puissances lors du sommet du G20 qui se tient en Chine au début de ce mois de septembre, avant la COP22 à Marrakech en novembre.
Il faut s’attendre à des tergiversations. Il est important toutefois pour le président de la République de sauver au moins la face. La politique étrangère est le domaine où il a le mieux réussi, même si les interventions extérieures qu’il a décidées peuvent faire l’objet de critiques. Dans son discours devant les ambassadeurs, François Hollande a présenté une sorte de bilan de son action diplomatique. Il a insisté sur le rôle de la France dans les institutions internationales qui sont effet un des instruments importants pour un pays qui n’est (plus) une grande puissance.
L’accord climatique en était l’exemple, voire le couronnement. On ne gagne pas une élection présidentielle par des succès en politique étrangère. Mais quand le bilan intérieur laisse à désirer, un succès extérieur concernant qui plus est l’avenir de l’humanité, n’est pas à dédaigner.