Après avoir adopté en 2008, sous présidence française, un plan de lutte contre le changement climatique à l’horizon de 2020, l’Union européenne s’apprête, à l’initiative de la Commission, à se doter d’un plan à plus long terme, qui vise l’horizon de 2050. En 2008, les Etats européens se sont mis d’accord sur un triple objectif pour 2020, dit « 3 fois 20 » : réduire de 20 % les émissions de gaz à effet de serre, porter à 20 % la part des énergies renouvelables et augmenter de 20 % les économies d’énergie.
Toutefois il leur fait regarder au-delà. A l’horizon de 2050, l’Europe devra réduire ses émissions d’au moins 80 % (par rapport à 1990, date retenue comme la date de référence). C’est la condition pour limiter à 2 % le réchauffement de la planète. La Commission estime que la réduction devrait être de 25 % ( et non plus 20 %) en 2020, de 40 % en 2030, de 60 % en 2040. « Nous devons amorcer la transition vers une économie sobre en carbone maintenant, a déclaré la commissaire chargée du dossier, la Danoise Connie Hedegaard. Plus nous attendrons, plus les coûts seront élevés ».
La nouvelle « feuille de route » élaborée par la Commission sera présentée le 26 mars aux ministres européens de l’environnement réunis à Budapest puis, fin juin, au Conseil européen de Bruxelles. Elle invite les Etats membres à renforcer les mesures d’économies d’énergie, aujourd’hui en retard par rapport à l’objectif d’augmentation de 20 % de l’efficacité énergétique en 2020. Elle passe en revue les différents secteurs appelés à réduire leurs émissions – électricité, industrie, transport, construction, agriculture- et formule pour chacun d’eux des recommandations.
Soucieuse de rassurer, la Commission précise que ce programme peut être réalisé avec les technologies disponibles et sans changement majeur des comportements, à condition que tous les secteurs économiques y contribuent. Elle évalue à 270 milliards d’euros par an les investissements nécessaires d’ici 2050 (dont 75 milliards dans le domaine de l’immobilier, 150 milliards dans celui des transports, 30 milliards dans celui de l’énergie). Cette somme, rappelle-t-elle, représente 1,5 % du PIB. Elle devrait être, en tout ou en partie, compensée par la baisse de la facture pétrolière et gazière, qui devrait se situer entre 175 milliards et 320 milliards d’euros par an.
Certes l’Europe à elle seule, dont les émissions de gaz à effet de serre représentent 10 % des émissions globales, ne parviendra pas à gagner la bataille du changement climatique mais elle peut donner l’exemple. Toutefois le plan de la Commission est d’ores et déjà jugé excessif par les industriels et insuffisant par les écologistes.