Il n’y a pas de doute : Viktor Orban, déjà chef du gouvernement de 1958 à 2002, après avoir perdu des élections législatives de 2002 et de 2006 revient au pouvoir. D’ores et déjà la plupart des membres de son futur gouvernement sont connus – parmi lesquels de nombreux anciens de son cabinet précédent comme par exemple l’ancien et futur chef de la diplomatie Janos Martonyi.
L’annonce officielle de l’entrée en fonction du nouveau gouvernement Orban aura lieu au milieu du mois de mai. Tout laisse à craindre qu’après l’euphorie de leur victoire annoncée, Orban et son équipe ne se retrouvent dans quelques mois – et peut-être même plus tôt – confrontés à de sérieuses difficultés économiques ; or des sacrifices supplémentaires demandés à la population dans l’attente de changements auraient pour conséquence une chute rapide de la popularité actuelle des vainqueurs du scrutin. Selon tous les observateurs la Hongrie - qui était après la disparition du régime communiste l’un des pays de la région les plus prometteurs- se trouve dans une situation particulièrement difficile, confrontée aussi à la crise internationale. Déjà à la fin de l’année 2008 elle a frôlé la banqueroute et n’aurait pu faire face sans le soutien financier du Fonds Monétaire Internationale et de bailleurs de fonds européenne. Et un échec de l’équipe qui arrive au pouvoir renforcerait encore la popularité de l’extrême-droite.
Contre le JOBBIK
Ce n’est pas un hasard si dans leurs dernières déclarations les dirigeants du FIDESZ laissent clairement entendre que désormais leur principal adversaire n’est pas le parti socialiste en déroute mais le JOBBIK, dont les excès de langage compromettent de plus en plus sérieusement l’image de marque jusqu’à présent positive de la Hongrie à travers le monde. Au cours des mois à venir, Viktor Orban et son entourage s’efforceront de « crédibiliser » sur le plan international le nouveau gouvernement issu des élections d’avril. Ils pensent déjà à la présidence hongroise de l’Union européenne qui débutera le 1er janvier 2011.
Même si, compte tenu des résultats des élections, l’association forcée du nouveau pouvoir avec l’extrême-droite n’est plus nécessaire à la mise en œuvre des profondes réformes constitutionnelles envisagées.
Noua allons probablement assister lors des premières séances du nouveau Parlement à des affrontements entre le FIDESZ et l’extrême-droite. Cette dernière laisse entendre qu’elle compte commémorer d’une manière spectaculaire le 90e anniversaire de la signature du Traité de Versailles le 4 juin 1920 au château du Grand-Trianon, privant la Hongrie millénaire des deux tiers de son territoire et repoussant plus de trois millions de Hongrois à l’extérieur des nouvelles frontières. Les préparatifs sont en cours à Budapest pour l’organisation, au mois de juin d’une grande manifestation à Versailles. Les organisateurs comptent sur la présence de « milliers de patriotes » venus de tous les coins de la « patrie mutilée » pour réclamer « justice pour la Hongrie ».
A l’heure actuelle, nous ne connaissons pas encore l’attitude de Viktor Orban. Mais la gestion de cette affaire délicate est embarrassante pour lui et, bien qu’indirectement, elle concerne aussi les relations franco-hongroises par ailleurs au beau fixe. Elle pourrait bien être la première épreuve de force entre le nouveau gouvernement en cours de formation et les extrémistes du JOBBIK…