Le G20 vu de Bruxelles

Le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Joaquín Almunia, commente les résultats du sommet du G20. Propos recueillis par Nathalie Vandystadt. 

A long terme, l’objectif est "plus jamais ça". C’est peut-être une formule usée et on sait qu’il y aura encore des crises dans le futur. Mais on sait ce qui a mal fonctionné et ce constat n’est disputé par personne : une régulation insuffisante, des lacunes criantes en matière de supervision et des systèmes de rémunération qui incitent à une prise de risque insensée. Tout ceci aggravé par un excès de liquidité lors de la dernière décennie et ce qu’on appelle les déséquilibres globaux, c’est à dire le surendettement des uns et surcroît d’épargne chez d’autres, plutôt que la poursuite d’une croissance équilibrée et soutenable.

La réunion du G20 devrait nous permettre de faire des progrès concrets par rapport à ces problèmes qui ont déjà été identifiés lors de la réunion de novembre, à Washington. En ce qui concerne la régulation des institutions financières dans leur ensemble et de tous les produits financiers, des agences de notation, aux dérivés du crédit en passant par les paradis fiscaux, la Commission et l’Union européenne ont montré la voie de la réforme du système financier international en adoptant ou proposant de nouvelles règles pour les agences de notation, des exigences en matière de fonds propres pour les banques ou encore les instruments titrisés (crédits dont le remboursement dépend des performances d’un portefeuille de créances, ndlr). Le rapport de La Rosière nous a confortés dans la conviction d’aller plus loin dans le système de supervision et de détection de risques, en particulier des grands groupes transfrontaliers. Les Américains ont évolué dans leur position en présentant récemment un vaste plan de régulation des fonds spéculatifs, ou hedge funds, des fonds de capital-risque ou encore des crédits dérivés. Je suis, donc, confiant que nous pourrons progresser rapidement et construire un système financier international plus sain et sûr dans le futur. 

A court terme, il nous faut, bien entendu, faire en sorte que cette récession soit aussi courte et détruise aussi peu d’emplois que possible. Pour y arriver, il nous faut appliquer les plans de soutien à la consommation et à l’investissement rapidement et dans leur entièreté. L’effort est considérable. Il se chiffre en Europe à environ 3,3% du PIB de l’ensemble de nos Etats membres, soit plus de 400 milliards d’euros, à travers des mesures discrétionnaires de dépense et/ou baisse des prélèvements sociaux et à travers le libre jeu de stabilisateurs budgétaires automatiques puissants, c’est à dire l’augmentation des indemnités de chômages et autres dépenses sociales inhérentes à nos systèmes sociaux européens. On devrait voir les effets de ces plans de relance ainsi que de l’assouplissement considérable de la politique monétaire dans les prochains mois. En attendant, les autres priorités sont de redémarrer le crédit aux familles et aux entreprises et, en particulier, le financement du commerce international. Parmi les autres décisions concrètes, je soulignerai l’augmentation des ressources du Fonds monétaire international, pour voler au secours des pays émergents et en développement, particulièrement affectés par la crise dans les pays riches, débouchés naturels pour leurs exportations et sources de revenus de l’émigration.