Le calendrier européen s’accélère

Longtemps attendue, la signature du président tchèque, Vaclav Klaus, du traité de Lisbonne, mardi 3 novembre, a levé un obstacle décisif à la réalisation de la nouvelle architecture européenne.

Les hésitations tchèques n’étaient pas l’unique obstacle. Le très eurosceptique David Cameron, chef du Parti conservateur britannique, les Tories, après avoir multiplié les manœuvres dilatoires pour dissuader le président tchèque de parapher le traité déjà voté par son peuple, avait promis, s’il gagnait les élections législatives de juin 2010, de soumettre le traité de Lisbonne à un referendum, ne doutant pas un instant que les Britanniques reviendraient sur leur adhésion à l’UE. A-t-il réellement entendu les injonctions qui le pressaient de ne pas aggraver l’isolement de la Grande-Bretagne ? Il a surtout réalisé, comme il l’a affirmé mercredi 4 novembre, qu’il ne pouvait pas « faire disparaître comme par magie le traité de Lisbonne, pas plus que nous ne pouvons organiser un referendum pour empêcher le soleil de se lever le matin ». La faute en est, a-t-il affirmé, aux Travaillistes qui ont « trahi » en ne tenant pas leur promesse de consulter les Britanniques.

David Cameron a donc enterré sa promesse, mais a assuré que cela « ne se reproduira pas » et qu’il proposera au Parlement une loi interdisant tout nouveau transfert de pouvoir à Bruxelles sans referendum préalable. Mais ce n’est pas tout. Dans un discours sur l’Europe, il a fait part de son intention d’obtenir, s’il est élu, le droit de reprendre le contrôle de pouvoirs délégués à Bruxelles, notamment sur la législation sociale, le droit du travail, la justice et la Charte des droits fondamentaux, afin d’éviter la « dérive » vers une Europe fédéraliste (AFP). Ce qui a provoqué la colère de Pierre Lellouche. Dans une interview au Guardian, le secrétaire d’Etat français chargé des Affaires européennes a affirmé que les conservateurs britanniques sont « pathétiques » et privilégient une approche « autiste » (Libération) : « C’est juste très triste de voir la Grande-Bretagne, si importante en Europe, se couper du reste de l’UE et disparaître des écrans radars […] En faisant ce qu’ils font au Parlement européen (les conservateurs britanniques ont quitté le Parti populaire européen pour siéger dans un groupe d’eurosceptiques, ndlr) ils ont castré votre influence britannique au Parlement ».

S’exprimant jeudi 5 novembre à l’issue d’un conseil des ministres franco-polonais, Nicolas Sarkozy a dit qu’il voulait maintenant « aller assez vite » dans le choix du président du Conseil européen et de son haut représentant pour les affaires étrangères. Le président français, en qui certains voient le président de l’Europe en 2012, s’est félicité du renoncement de David Cameron. A propos des clauses d’exemption que les conservateurs britanniques souhaitent négocier s’ils revenaient au pouvoir l’an prochain, il a fait valoir qu’il en existait déjà dans le traité pour la Grande Bretagne comme pour la Pologne.