"A travers les deux crises, celle du Caucase et la financière, l’Union européenne a montré qu’elle n’était pas condamnée à être le sucre lent de la mondialisation, incapable d’agir sur les choses autrement que par les moyens d’une infusion sociétale invisible et sans saveur. Elle a su trouver une voie moyenne, celle de la sagesse, de l’indépendance et de la coopération, entre l’« à-plat-ventrisme » atlantique et le défi picrocholin à l’hyperpuissance américaine. Elle a de plus réussi à exhumer des poubelles de l’histoire un modèle économique et social néokeynésien, le sien, et à l’imposer sur les décombres du pseudo-libéralisme bancaire. Elle a enfin rappelé à tous ceux qui en douteraient, et d’abord à Gordon Brown, que l’espace européen en général, et l’Euroland en particulier, constituaient un lieu de traitement et de résolution des problèmes, fussent-ils de dimension planétaire.
Ce réveil de l’Europe peut-il être autre chose qu’un sursaut ? Le pronostic est réservé. Traditionnellement, l’Europe fonctionnait à base d’imagination française, de détermination allemande et de circonspection britannique. Ce qu’on nous a offert, ces dernières semaines, c’est un assemblage bien différent fait d’imagination britannique, de détermination française et de circonspection allemande. Le breuvage a rendu ses couleurs aux patients. Ses vertus à long terme restent à vérifier".