Leçons britanniques

Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert Schuman, estime que la nette victoire des conservateurs en Grande-Bretagne est plutôt une bonne nouvelle pour l’ Europe.Le Premier ministre David Cameron pourrait échapper à la pression des europhobes de son camp et négocier un compromis avec les autres Etats membres qui permettrait au Royaume-Uni de rester dans l’Union européenne.

Contre toute attente, le parti conservateur l’emporte haut la main et se trouve reconduit au gouvernement britannique. C’est plutôt une bonne nouvelle.
L’économie d’outre-Manche se porte mieux. La brutale réduction des dépenses publiques a réussi à faire baisser le chômage. Avis à ceux qui en doutent : il n’y a pas d’autre recette ! Annoncées avant les élections, acceptées malgré leurs douloureux effets, ces réformes n’ont pas pris de court les électeurs qui en redemandent pour 5 ans. Belle leçon !
Mais les Européens ont-ils raison de s’inquiéter du référendum promis sur l’appartenance à l’Union européenne qui a ruiné les espoirs électoraux des europhobes ?
Compte tenu de l’irrationalité du débat européen en Grande-Bretagne, cette échéance risquée aura au moins le mérite de clarifier la position du gouvernement britannique vis-à-vis de ses partenaires, pour lesquels il n’est aujourd’hui que l’agaçant Mr No.
Une sortie du Royaume-Uni de l’Union, que personne ne souhaite, exigerait un très long processus qui lui serait franchement défavorable (voir l’étude de Jean-Claude Piris). Elle se ferait d’abord à son détriment car il perdrait le libre accès à un marché qui représente 500 milliards de ses exportations (contre 60 pour la Chine par exemple), vraisemblablement beaucoup des investissements européens, qui comptent pour 50% de ses investissements domestiques. Et que dire des 1,8 million de ses sujets qui vivent sur le continent ?
Ce gouvernement stable et libéré du chantage de ses « frondeurs europhobes », va pouvoir conduire une discussion sérieuse avec une Europe qui se réforme dans un sens qui devrait lui convenir. Il devra surtout mener une campagne d’explication approfondie et franche avec ses concitoyens qui, déjà, en 1975, nous avaient joué la même scène, pour finalement choisir de rester dans l’Europe à plus des deux tiers.
On se serait évidemment bien passé de cette incertitude, mais on doit faire confiance aux Britanniques pour savoir où résident leurs intérêts. Ils sont à l’évidence au sein de l’Union. A eux de le dire.