Les Balkans aux portes de l’UE

Les négociations d’adhésion continuent. La Croatie s’approche du but, la Serbie progresse, la Turquie stagne.

L’Europe à 27 pourrait devenir, dans un délai d’un ou deux ans, une Europe à 29 puis, dans un avenir plus lointain, une Europe à 36. Le processus d’élargissement continue, sous l’impulsion de la Commission européenne, au rythme des réformes engagées par les pays candidats. Selon les documents publiés mardi 9 novembre à Bruxelles, qui font le point sur l’avancement des discussions en cours, les deux prochains adhérents devraient être la Croatie et l’Islande.

La Croatie et l’Islande au plus près

Avec la Croatie, les négociations, ouvertes il y a cinq ans, sont en voie d’achèvement. Vingt-cinq chapitres sur trente-cinq sont clos, dont celui sur les institutions, considéré comme décisif. Des progrès restent à faire pour améliorer le système judiciaire et renforcer la lutte contre la corruption mais, pour l’essentiel, les 27 sont prêts à accueillir, d’ici un an, le 28ème Etat membre.

Avec l’Islande, qui devrait être le 29ème, les conversations se sont ouvertes il y a quatre mois. Elles devraient aller assez vite. La Commission note que le pays a réformé sa législation sur les conflits d’intérêts et le financement des partis. Elle juge que la reconstruction de son système bancaire est en bonne voie. Soucieuse d’éviter un rejet du peuple islandais, elle demande aux autorités de bien informer les citoyens des conséquences de l’adhésion.

La Bosnie-Herzégovine et le Kosovo en queue de peloton

Pour les autres pays candidats – la Turquie et les Etats des Balkans occidentaux – le degré d’avancement varie. Les plus éloignés de l’adhésion, parmi les neuf concernés, sont la Bosnie-Herzégovine et le Kosovo. La Commission souligne qu’ils sont encore loin de répondre aux critères d’adhésion. Ni l’un ni l’autre n’ont beaucoup progressé sur la voie d’une économie de marché viable. Politiquement, le désaccord entre les dirigeants « entrave les réformes essentielles » en Bosnie-Herzégovine. Au Kosovo, « les capacités de l’administration publique continuent d’être faibles et le système judiciaire ne fonctionne pas efficacement ».

Espoirs pour la Macédoine, l’Albanie et le Monténégro

Quatre pays des Balkans sont jugés plus favorablement. Le mieux placé est la Macédoine, pour laquelle la Commission recommande l’ouverture de négociations. Il appartiendra au Conseil des ministres de décider. S’il se range à cet avis, la Macédoine pourrait devenir le 30ème Etat membre. L’Albanie et le Monténégro ne sont pas loin derrière. La Commission salue les progrès de ces deux Etats sur les plans politique et économique, mais considère qu’ils doivent encore améliorer le fonctionnement de leur démocratie avant l’ouverture de négociations d’adhésion.

Le cas de la Serbie et de la Turquie

La Serbie reçoit un encouragement de la Commission. Celle-ci salue ses progrès politiques mais juge insuffisants ses progrès économiques. Elle souhaite, selon le commissaire Stefan Füle, que Belgrade manifeste « une attitude plus constructive » à l’égard du Kosovo. Elle note aussi que, malgré son active coopération avec le Tribunal international, deux anciens chefs serbes, Ratko Mladic et Goran Hadzic, sont toujours en fuite.

Reste le cas de la Turquie. Les négociations n’avancent guère. Après cinq ans, treize chapitres ont été ouverts et un seul a été fermé. Le commissaire Stefan Füle attribue la responsabilité de cet échec à Ankara, qui refuse toujours de normaliser ses relations avec Chypre et en particulier d’appliquer toutes les dispositions de l’union douanière. Sur le plan politique, la Commission se félicite des amendements constitutionnels approuvés par référendum mais souhaite qu’ils soient mieux appliqués. Elle s’inquiète des atteintes à la liberté de la presse.

Une stratégie mal comprise

La Commission souligne, d’une manière générale, que l’élargissement est « dans l’intérêt mutuel » de l’Union et des pays qui aspirent à la rejoindre. Consciente du scepticisme des opinions publiques, elle souhaite que ce « message simple » leur soit expliqué d’une façon claire afin de leur permettre « de mieux comprendre ce processus et d’y adhérer ». Elle ne nie pas les difficultés que rencontre la stratégie d’élargissement. Elle regrette en particulier que « l’élan des réformes » ait faibli dans certains pays et que, dans la plupart d’entre eux, « la défense de la liberté d’expression » soit un sujet de préoccupation. Elle s’inquiète aussi des effets de la crise économique. Mais elle affirme que l’influence de l’Union européenne au niveau mondial dépend largement de « l’attrait que peut exercer son modèle de régulation ».