Les Européens invités à "ne pas décevoir Obama"

Contrairement à une idée très répandue, une administration américaine présidée par Barack Obama ne serait pas nécessairement de tout repos pour les Européens.

Certes, le candidat démocrate qui a de bonnes chances d’entrer à la Maison Blanche en janvier 2009 devrait mener une politique étrangère moins unilatérale que son prédécesseur George W.Bush. Il a déjà annoncé qu’il prendrait grand soin de consulter ses alliés européens plus que la précédente administration. De plus les vues des démocrates sont traditionnellement plus proches de celles prévalant de ce côté-ci de l’Atlantique que les dogmes des néoconservateurs qui ont donné le ton au cours de ces huit dernières années.

Deux sujets de discorde

Il n’en reste pas moins que Barack Obama, peut-être plus coopératif, sera aussi plus exigeant. Déjà ses collaborateurs laissent entendre à leurs interlocuteurs européens qu’ils seraient bien inspirés de ne pas décevoir le nouveau président en lui créant des difficultés dans la première année de son mandat. Il en irait de sa crédibilité dans l’électorat américain. Or au moins deux sujets de discorde se profilent à l’horizon : l’Afghanistan et l’élargissement de l’OTAN.
Le candidat Obama a pris nettement position, comme George W. Bush, en faveur de l’adhésion de l’Ukraine et de la Géorgie à l’organisation atlantique. Au sommet de Bucarest, la France et l’Allemagne ont bloqué l’octroi à ces deux pays du MAP (Membership Action Plan), prélude à l’adhésion pleine net entière.

L’échéance d’avril 2009

La guerre entre la Russie et la Géorgie, comme les difficultés intérieures de l’Ukraine, les ont plutôt renforcées dans leur conviction. Le sujet sera de nouveau à l’ordre du jour de la réunion des ministres des affaires étrangères de l’Alliance atlantique, en décembre. Puis il reviendra au sommet atlantique de Strasbourg-Kehl qui marquera en avril 2009 le soixantième anniversaire de la création de l’OTAN. Les Américains veulent en profiter pour inclure l’Ukraine et la Géorgie dans l’organisation et l’entourage de Barack Obama laisse entendre qu’il serait du plus mauvais effet que la première réunion internationale du nouveau président soit l’occasion d’un désaccord transatlantique fondamental.

Un compromis est-il possible ? Par égard pour leurs rapports avec Moscou, il ne semble pas que Paris et Berlin soient disposés à fléchir. « Il faut tout de suite décourager les conseillers d’Obama de persister dans leurs intentions », explique un diplomate européen.

"Burden sharing"

Concernant l’Afghanistan, Barack Obama a clairement dit qu’il considérait ce pays comme le champ de bataille essentiel contre le terrorisme. Il reprend là une idée chère aux démocrates opposés à la guerre en Irak. Selon eux, la guerre en Irak aurait détourné les Etats-Unis de l’objectif principal. Pour Obama, cette priorité donnée à l’Afghanistan implique un accroissement des contingents internationaux, donc européens. La France et l’Allemagne viennent de consentir un effort supplémentaire, tandis que les Néerlandais songent à se retirer (de même que les Canadiens). Il est probable dans ces conditions que l’Afghanistan reste un sujet de discussion, voire de désaccord, entre les deux rives de l’Atlantique.

En revanche, il ne devrait pas y avoir de divergences fondamentales sur l’Iran, puisque Barack Obama veut mettre l’accent sur la diplomatie, ni sur le conflit israélo-palestinien dont il veut faire une de ces priorités. « Je n’attendrai pas la dernière année de mon mandat pour m’en occuper », a-t-il dans une critique implicite à George W. Bush mais aussi à Bill Clinton.

Quoi qu’il en soit, entre l’Europe et les Etats-Unis, c’est une vielle histoire. Les Européens veulent partager les décisions mais rechignent à partager le fardeau (le fameux burden sharing) ; les Américains plaident pour le partage du fardeau mais ne souhaitent pas que les Européens soient partie prenante dans les décisions.