Les Noirs se mobilisent pour Barack Obama

L’argument racial utilisé de manière plus ou moins ouverte par les adversaires de Barack Obama -y compris par les Clinton dans cette campagne des primaires- est une arme à double tranchant. En apparaissant comme le candidat des Noirs, le sénateur de l’Illinois, a peut-être plus de voix à gagner dans cette communauté qu’à en perdre chez les Blancs conservateurs.

Mardi 13 mai, Hillary Clinton a célébré une victoire écrasante dans les primaires de Virginie occidentale. Barack Obama n’y avait pas fait campagne, tant les sondages lui étaient défavorables dans cet Etat rural. De plus, le nombre de délégués en jeu était négligeable. De fait, le triomphe local de Mme Clinton n’a pas modifié le rapport de forces entre les deux candidats à l’investiture démocrate pour les élections présidentielles du 4 novembre.

Mais le véritable événement politique de la journée s’est produit dans l’Etat du Mississipi. Une élection partielle pour la Chambre des représentants a donné la victoire à un démocrate dans une circonscription traditionnellement tenue par les Républicains. Et cette victoire est due à la forte mobilisation de l’électorat noir qui d’habitude participe peu aux élections. Les experts attribuent cet engouement à la personne d’Obama qui avait fait campagne pour le démocrate. Ils en tirent des leçons pour les élections générales du 4 novembre : d’une part, le vote des Noirs pourraient menacer la domination des Républicains dans les Etats du Sud où ils ont supplanté les Démocrates ces dernières années ; d’autre part, le vote noir pourrait, au niveau national, compenser la déperdition des voix entre Hillary Clinton et Barack Obama chez les électeurs blancs. Dans certains bureaux de vote du Mississipi, la participation des Noirs a doublé pour une élection dont l’enjeu n’était pas décisif, alors que celle des Blancs diminuait dans les mêmes proportions.

Ce n’est pas un phénomène isolé. Aux primaires de Caroline du Sud et de Géorgie, la participation des Noirs a également doublé par rapport à 2004. « Cela va encourager le virage au bleu (la couleur du parti démocrate) des Etats rouges (la couleur des républicains) », a déclaré au New York Times, David Bositis, un expert de la politique chez les Afro-Américains. Et remettre en cause la stratégie du Parti républicain, au moins dans les Etats du Sud, qui a consisté à attaquer les candidats démocrates sur leurs liens avec Barack Obama. Le reproche s’est retournée contre ses auteurs, de manière d’autant plus spectaculaire que le nouvel élu du Mississipi est un démocrate conservateur.