Les attentats de Bombay vus par Arundhati Roy

Dans une tribune publiée par le Guardian le 13 décembre, l’écrivain indien Arundhati Roy, auteur notamment du Dieu des petits riens, s’effraie de voir les élites et les médias indiens adopter une attitude comparable à celle des Etats-Unis après les attentats du 11 septembre. Elle renvoie dos à dos les extrémistes musulmans et hindous et demande de choisir entre la "justice" ou la "guerre civile".

Pour Arundhati Roy, la partition violente de l’Inde et du Pakistan en 1947 est à l’origine de tous les troubles actuels du sous-continent indien. Un million de morts et la plus grande migration de populations de l’histoire contemporaine ne cessent d’exercer une influence négative à long terme sur la région. Les extrémistes musulmans, dans leur nihilisme absolu, justifient leur action par le conflit au Cachemire, mais aussi par la destruction de la mosquée d’Ayodhya et les massacres de Musulmans du Gujarat par des extrémistes hindous en 1992.

Deux personnages emblématiques résument le malaise profond de la région, aux yeux d’Arundhati Roy. Le premier est le Pakistanais (né en Inde) Hafiz Saeed, fondateur du movement Lashkar-e-Taiba (armée des purs), prédicateur salafiste, partisan des attaques suicides, violemment anti-indien, antisémite, anti-shiite, antidémocrate, et partisan du « jihad » international. Saeed vivait tranquillement à Lahore jusqu’aux attentats de Bombay, il est désormais en résidence surveillée. Extraits choisis de la prose de Hafiz Saeed : "There cannot be any peace while India remains intact. Cut them, cut them so much that they kneel before you and ask for mercy." And, "We would like to give India a tit-for-tat response and reciprocate in the same way by killing the Hindus, just like it is killing the Muslims in Kashmir."

Le second personnage emblématique de la crise est Babu Bajrangi, leader hindou extrémiste, qui a dirigé les massacres de musulmans dans le Gujarat en 2002. Citations de Babu Bajrangi (devant caméras de télévision) : "We didn’t spare a single Muslim shop, we set everything on fire . . . We believe in setting them on fire because these bastards don’t want to be cremated, they’re afraid of it . . . I have just one last wish . . . let me be sentenced to death . . . just give me two days before my hanging and I will go and have a field day in Juhapura where these people stay . . . I will finish them off . . . let a few more of them die . . . At least 25,000 to 50,000 should die."

Bajrangi vit en liberté, n’a jamais été inquiété pour ses actes, bien au contraire puisqu’il est proche de Narendra Modi, “chief minister” de l’Etat du Gujarat régulièrement réélu.