Les énergies ’’vertes’’ victimes de la crise économique

La chute de 62% des prix du pétrole sur les marchés à terme (environ 56 dollars à New York le 13 novembre contre un pic historique de 147 dollars à la mi-juillet 2008) risque de contrarier sérieusement le développement des énergies renouvelables, et plus généralement la lutte contre le changement climatique. 

Le Conseil européen de l’énergie renouvelable a déjà appelé les gouvernements à ne pas baisser la garde. La flambée soudaine des prix du brut avait apporté un surcroît de dynamisme à l’essor des technologies « vertes ». Plus de 148 milliards de dollars ont été investis dans ce domaine en 2007, soit 60% de plus qu’en 2006. Et la progression devrait être du même ordre cette année, affirme une étude de la Deutsche Bank, citant une estimation de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) qui a chiffré à 45 000 milliards de dollars l’effort nécessaire pour réduire de moitié les émissions mondiales de gaz à effet de serre (Source : Les Echos, 28.10.2008). 

Un groupe comme l’américain General Electric affiche un solide optimisme : le chiffre d’affaires de ses produits pour l’environnement (turbines à gaz, éoliennes, équipements hydrauliques) a fait un bond de 21% à plus de 17 milliards de dollars par rapport à 2007. Mêmes bonnes performances chez le premier producteur mondial d’éoliennes, le danois Vestas, dont l’activité à progressé de 19% à 3,55 milliards d’euros depuis le début de cette année. Mais celui-ci ne cache pas que son carnet de commandes marque un certain essoufflement, et laisse entendre que le « credit crunch » pèsera sur sa politique de recrutement l’an prochain. La frilosité des banques menace d’hypothéquer le développement du plus gros parc éolien belge en mer du Nord (30 éoliennes). S’il devait être privé de financement (850 millions d’euros) ce parc, exploité par le consortium belge C-Power (on y trouve aussi EDF Energies Nouvelles) pourrait être réduit aux 6 éoliennes existantes.

Chute de rentabilité, gel des crédits bancaires : les promoteurs des énergies renouvelables, à qui le plus bel avenir était promis il y a encore six mois, affrontent aujourd’hui de nouveaux défis.

L’investissement en capital-risque dans les agrocarburants à partir de biomasse s’assèche. Des projets éthanol à partir de céréales sont ajournés dans l’Oklahoma (ce dont ne se plaindra pas la FAO, inquiète des conséquences sur la faim dans le monde), et un opérateur a même fait faillite dans l’Ohio. Un constructeur d’automobiles électriques a dû remiser ses projets. Au prix où est le gaz naturel (lui aussi a baissé de moitié en six mois), les énergies éoliennes (le marché américain a progressé de 45% l’an dernier) et solaires sont devenues trop chères. Quant au charbon, il est pour l’heure disqualifié (à la grande satisfaction des écologistes). Voila qui ne facilitera pas la réalisation du programme de Barack Obama qui avait promis de mettre en œuvre un ambitieux programme pour le développement des énergies alternatives, d’indépendance énergétique, avec, à la clef, des millions de « green jobs ». Patience : selon l’AIE, dès que l’économie redémarrera, le prix du pétrole repartira à la hausse, « probablement vers les 200 dollars le baril à l’horizon 2030 ».