Irak
Barack Obama tient à la fois à respecter ses engagements de campagne en faveur d’un retrait des troupes américaines et à tenir compte des impératifs de sécurité mis en avant par ses généraux. Le retrait s’étalera jusqu’au mois d’août 2010. Après quoi il restera quelque 50 000 soldats américains dans le pays.
Afghanistan
C’est là que doit s’exercer la fermeté américaine, au risque de transformer l’Afghanistan en « guerre d’Obama » comme l’Irak était « la guerre de Bush ». Les effectifs américains vont être portés à 60 000 hommes, soit un doublement. Il s’agit à la fois de mener des opérations militaires contre les talibans et d’accélérer la formation des forces de sécurité afghanes. Après avoir pressé les Européens d’envoyer de nouvelles troupes, Washington a admis la vanité de ses démarches et plaide maintenant pour que ses alliés accroissent leurs efforts dans la formation de la police locale. Dans le même temps, les Etats-Unis semblent avoir revu en baisse leurs objectifs. L’intervention en Afghanistan a pour but de déloger Al Qaida et d’empêcher un retour des talibans au pouvoir à Kaboul, plus que de construire une démocratie modèle sur les pentes de l’Hindou Kouch. Barack Obama ne l’a pas dit ouvertement mais ses proches ne s’en privent pas. Il ne s’agit pas de nation-building, a déclaré Richard Holbrooke, le représentant spécial du président pour la région, l’Afghanistan est déjà une nation. Selon John Kerry, président de la commission des affaires étrangères du Séant, personne ne songe à faire de l’Afghanistan « le 51è Etat des Etats-Unis ».
Obama a d’autre part annoncé une stratégie régionale, symbolisée par la conférence de La Haye, mardi 31 mars, à laquelle la secrétaire d’Etat Hillary Clinton a convié l’Iran qui devrait envoyer un représentant (contrairement à la décision de boycottage prise par Téhéran lors de la conférence régionale sur l’Afghanistan organisé en décembre près de Paris par Bernard Kouchner).
Sur le plan militaire également, les Etats-Unis sont décidés à poursuivre leurs frappes au Pakistan voisin pour en chasser les chefs d’Al Qaida et des talibans, non seulement dans les zones tribales mais dans les régions voisines comme le Balouchistan. Il n’y a qu’une seule ligne rouge, a dit en substance Richard Holbrooke, c’est l’envoi de troupes au sol que les Pakistanais considèreraient comme une violation insupportable de leur souveraineté.
Russie
Dans la lettre qu’il a envoyée au président russe Dmitri Medvedev au début du mois de mars, Barack Obama laisse entendre que les Etats-Unis pourraient renoncer à l’installation d’éléments d’un bouclier antimissiles en Pologne et en République tchèque si Moscou aidait les Etats-Unis à prévenir le danger nucléaire iranien. Cette proposition fait partie de ce que le vice-président Joe Biden a appelé « la remise des compteurs à zéro » (reset) des relations russo-américaines. Celles-ci se sont beaucoup dégradées au cours des derniers mois de la présidence de George W. Bush. A tel point que certains observateurs pensent qu’elles sont moins intenses qu’à la fin de la Guerre Froide. Elles sont en tous cas inférieures à ce qui serait souhaitable dans l’intérêt même des Etats-Unis, remarque le rapport d’un groupe de travail bipartisan à Washington. Ce texte propose notamment de renvoyer aux calendes toute adhésion de la Géorgie et de l’Ukraine à l’OTAN, tout en donnant à ces deux pays des garanties pour leur indépendance. Le conseiller d’Hillary Clinton, Strobe Talbott, ancien de l’administration de Bill Clinton et ancien correspondant de la presse américaine à Moscou dans les années 1980, propose qu’en contrepartie de l’appui russe pour régler un certain nombre de conflits dans le monde, les Etats-Unis facilitent l’intégration de la Russie dans l’économie mondiale, notamment par son entrée à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Iran
A l’occasion de Nowrouz, le Nouvel an perse, Barack Obama a adressé un long message télévisé au peuple iranien pour souligner sa volonté de rechercher des bonnes relations avec Téhéran. Il a reçu un accueil mitigé de la part des dirigeants iraniens, le chef suprême de la révolution Ali Khamenei estimant que les Etats-Unis devaient d’abord changer d’attitude. Mais les diplomates iraniens et américains ont eu des contacts à Moscou, lors de la réunion de l’Organisation de coopération de Shanghaï, qui regroupe la Russie, la Chine et les Républiques d’Asie centrale, avec l’Iran et l’Inde comme observateurs. Pour la première fois, les Etats-Unis ont été invités à une réunion de ce groupe parce que l’Afghanistan figurait à l’ordre du jour. Il est en tous cas peu probable que les relations Washington-Téhéran évoluent de manière spectaculaire avant les élections présidentielles prévues en Iran pour le 12 juin.
Conflit israélo-palestinien
Sur le fond, Barack Obama n’a pas laissé percer d’indications sur ses intentions mais il a montré que contrairement à son prédécesseur, il accordait une certaine priorité à ce dossier, en nommant, dès son arrivée à la Maison blanche un représentant spécial en la personne de l’ancien sénateur George Mitchell, qui connaît bien la région et ses principaux protagonistes. Alors que la gauche israélienne considérait que Benjamin Netanyahou n’était pas « Obama compatible », la formation en Israël d’un gouvernement de large coalition sous la direction du chef du Likoud pourrait être propice à des pressions américaines en faveur d’un règlement.
Chine
Crise financière oblige, les droits de l’homme et la situation au Tibet ne sont pas les priorités de l’administration Obama dans ses relations avec la Chine. Lors de sa visite à Pékin, Hillary Clinton a mis l’accent sur la nécessaire coopération entre les deux pays. Les Etats-Unis ont besoin de l’épargne chinoise pour placer les bons du Trésor qui financent leur dette.