Les mauvaises notes de la Commission

Selon une enquête d’opinion conduite par une firme de consultants, les performances de l’équipe dirigée par José Manuel Barroso sont considérées comme insuffisantes. Si la commissaire Viviane Reding est l’une des mieux notées, Catherine Ashton, haute représentante pour la politique étrangère, est la cible des plus sévères critiques.

La Commission européenne n’a pas bonne presse. Son président, José Manuel Barroso, est critiqué pour sa faiblesse face aux gouvernements nationaux et la plupart de ses membres peinent à sortir de l’anonymat. Le traité de Lisbonne, en renforçant le caractère intergouvernemental de l’Union européenne au détriment de sa dimension communautaire, a contribué à la délégitimation de l’exécutif bruxellois.

Entrée en fonction le 10 février 2010, la Commission vient d’achever la première année de son mandat. Une importante firme de consultants, Burson Marsteller, a saisi l’occasion de cet anniversaire pour lancer une enquête auprès des acteurs de la construction européenne sur la popularité de M. Barroso et de ses collègues. Elle a reçu 322 réponses.

« Peut mieux faire »

Invitées à noter de A à E, c’est-à-dire d’ « excellent » à « décevant », les performances de la Commission, les personnes interrogées jugent, en majorité, celles-ci équivalentes à la moyenne (35 %) ou inférieures à la moyenne (26,7%). Elles sont 18,3 % à les dire décevantes. Aucune ne les déclare excellentes, 15,5 % les estiment bonnes. La conclusion de l’enquête, selon ses auteurs, peut se résumer ainsi : « peut mieux faire ».

Individuellement, les commissaires ne sont pas mieux jugés. M. Barroso obtient la note C +, c’est-à-dire la moyenne, pour son action globale. On lui reproche son manque de vision et de leadership. On attend de lui qu’il manifeste davantage d’ambition et qu’il n’hésite pas à affronter les gouvernements nationaux.

Un satisfecit pour Viviane Reding

Parmi les vingt-sept commissaires, l’une des mieux notées est Viviane Reding, chargée de la justice et des droits fondamentaux. Elle est gratifiée de la note B +. La commissaire luxembourgeoise, vice-présidente de la Commission, tire apparemment bénéfice de ses véhémentes protestations contre la politique de la France à l’égard des Roms, qui avaient suscité la colère de Nicolas Sarkozy. Selon son entourage, ces bonnes notes prouvent qu’un commissaire issu d’un petit Etat peut faire entendre sa voix.

Le vice-président espagnol Joaquin Almunia, chargé de la concurrence, obtient également la note B +. Quatre de ses collègues reçoivent la note B : la Néerlandaise Neelie Kroes, vice-présidente chargée de la stratégie numérique, le Finlandais Olli Rehn, chargé des affaires économiques et monétaire, le Slovène Janez Pulsovnik, chargé de l’environnement, et le Français Michel Barnier, chargé du marché intérieur et des services financiers. Enfin, la Bulgare Kristalina Georgieva, chargée de l’aide humanitaire, est créditée d’un B -.

L’échec de Catherine Ashton

Les autres commissaires obtiennent la moyenne, c’est-à-dire les notes C +, C ou C -, à l’exception de Catherine Ashton, à la fois vice-présidente de la Commission et haute représentante pour la politique étrangère, qui reçoit la plus mauvaise note, la note E, synonyme de « décevant ». Les auteurs de l’enquête font observer que ce jugement négatif n’est pas surprenant, étant donné les critiques sévères auxquelles Mme Ashton a dû faire face pendant la première année de son mandat. Ils ajoutent que l’extrême difficulté de la tâche qui lui était assignée explique sa mauvaise performance mais n’excluent pas une amélioration dans les années à venir. 

Globalement, ils considèrent que la Commission a encore de gros efforts à faire pour être à la hauteur de sa tâche. Ils tempèrent toutefois leur jugement en notant que l’appréciation portée sur son action n’est pas pire que celle dont sont l’objet de nombreux gouvernements nationaux.