Londres multiplie les arrestations pour grossir son fichier ADN

La police britannique effectue maintenant des interpellations systématiques sur une grande échelle, le plus souvent sans autre motif que celui d’enrichir le fichier ADN national, et cela dans des circonstances fortement empreintes de racisme (source : Times, Guardian, 24 novembre 2009).

Selon un rapport de la Human Genetics Commission, organisme de conseil indépendant, le nombre des arrestations effectuées par la police britannique est en augmentation régulière : 1,48 million de personnes interpellées en 2006-07, soit 4% de plus en un an, après une progression de 6% en 2005. Ce fichier, qui serait le plus important de ce genre au monde, recélerait les empreintes génétiques de 5,6 millions de personnes, dont celles d’un bon million qui n’ont commis aucun délit, et qui y resteront à vie, selon le président de cette Commission .

Le rapport établit que les empreintes génétiques de 75% d’hommes noirs britanniques âgés de 18 à 35 ans sont enregistrées dans ce fichier, ce qui lui donne un caractère ouvertement racial. La Commission pour l’Egalité et les Droits de l’Homme britannique estime en tout cas que la sur-représentation des Noirs dans ce fichier peut créer l’impression qu’un groupe racial représente un « alien wedge » (le coin des aliens, célèbres envahisseurs extraterrestres au cinéma ) de la criminalité. 

La loi sur le crime et la sécurité proclamée début novembre par la Reine propose de réduire à six ans la durée de conservation du profil ADN des personnes innocentes. Mais il n’existe actuellement aucun projet pour réduire les pouvoirs de la police de prélever à sa discrétion des échantillons sur les personnes interpellées, souligne le rapport.