Le gouvernement présidé par Georges Papandréou, fils de feu Andréas Papandréou, figure emblématique du nationalisme et du socialisme à la grecque, au pouvoir dans les années 1980 et 1990, a pris cette décision par des raisons d’économie et d’efficacité. Le ministère de "la Grèce du nord" fondé en 1977, rebaptisé en 1985 "Macédoine-Thrace" par Andréas Papandréou "pour des raisons nationales", était en fait une coquille vide dépourvue de réelles compétences, servant surtout d’institution de prestige aux Macédoniens grecs, et de foyer clientéliste.
Les élus sortants de Salonique appartenant à la Nouvelle Démocratie, le grand parti conservateur qui a enregistré une cinglante défaite le 4 octobre, sont montés au créneau. "La fermeture du ministère Macédoine-Thrace supprime le rôle national qu’il jouait jusqu’à présent sur la terre meurtrie de Macédoine et de Thrace", s’est écrié le dernier titulaire du ministère, Stavros Kalafatis. Arrachée aux Turcs en 1912, Salonique a toujours été un foyer du nationalisme hellène.
M. Kalafatis a estimé que le retrait du ministre de "Macédoine" du conseil des ministres augurait mal des intentions du gouvernement socialiste pour la gestion de l’épineuse question macédonienne. La Grèce refuse depuis bientôt vingt ans à sa voisine du nord de porter le nom de Macédoine qu’elle estime appartenir exclusivement à son patrimoine.
Le maire conservateur de Salonique, Vassilis Papagéorgopoulos, a emboîté le pas à Stavros Kalafatis, réclamant le maintien du ministère jusqu’à la résolution du problème du nom de ce que les Grecs appellent toujours selon l’acronyme officiel, Arym (ou Fyrom en anglais, pour Ancienne république yougoslave de Macédoine ou simplement Skopje, le nom de sa capitale).
Le nouveau pouvoir socialiste a rapidement réagi en nomment deux secrétaires d’Etat, l’un chargé des investissements et du développement de la Macédoine grec et de la Thrace, où vit une forte minorité d’origine turque, l’autre de l’administration et de la décentralisation, qui auront tous deux leurs bureaux dans l’ancien ministère transformé en secrétariat général. Cette décision a suffi à apaiser la polémique, au moins pour un temps, car la question de la Macédoine reste un des sujets les plus sensibles de la politique grecque.