Mauvais temps pour les oligarques russes

D’après l’hebdomadaire The Economist, le nombre des millionnaires russes a été divisé par deux au cours des derniers mois et la richesse des dix plus grosses fortunes de Russie a perdu les 2/3 de sa valeur. 

Ils ne sont certes pas les seuls, mais les oligarques russes souffrent terriblement de la crise. Le patron du grand conglomérat de l’aluminium, RusAl, Oleg Deripaska, était encore, il y un an, l’homme le plus riche de Russie. Il pesait 40 milliards de dollars (28 milliards d’euros). Avec la crise, sa fortune a fondu de 90%. Il a été contraint de se séparer de plusieurs de ses sociétés mais il a conservé son yacht de 73 mètres de long, le Queen K. Son collègue en oligarchie, Roman Abramovitch, gouverneur de la région sibérienne de Tchoukotka mais résidant à Londres et propriétaire du club de football de Chelsea, a dû emprunter 8 milliards de dollars pour boucler ses fins de mois. Lui aussi a conservé ses quatre yachts, baptisés la « marine Abramovitch », et en fait construire un cinquième, nommé Eclipse, de 168 mètres de long, équipé d’un petit sous-marin de secours afin de parer à toute agression.

Cet intérêt pour les gadgets de luxe n’étonne pas Tatiana Dmitrieva, psychiatre en chef de l’institut Serbski à Moscou, rapporte la Frankfurter Allgemeine Zeitung. C’est une manière de faire face à la dureté des temps, explique cette responsable de l’hôpital psychiatrique qui, au temps du l’URSS, déclarait fous les dissidents. Aux simples Russes qui la consultent, le docteur Dmitrieva recommande le travail social comme dérivatif à la crise. Ces derniers mois les demandes d’aide ont été multipliées par quatre ou cinq. Toutefois, les Russes sont moins guettés par la dépression nerveuse que les Américains, dit-elle, car ils sont plus habitués à souffrir.