Méditerranée : l’exemple de la Baltique

Les Ateliers Baltique Méditerranée ont lieu chaque année à l’initiative de la Finlande, depuis le premier du genre, à Marseille en 2008. Le prochain aura lieu à Turku en Finlande, le 12 juin. L’objectif de ces ateliers de nature associative est de tirer les leçons de la coopération qui s’est développée ces dernières années autour de la mer Baltique et d’imaginer comment il serait possible de transformer la Méditerranée, cet espace aujourd’hui fragmenté, fracturé et blessé, en un lieu d’échanges, de transmission et de confiance.

Comment expliquer que la mer Baltique soit passée en si peu de temps d’un espace coupé par le rideau de fer à un lieu privilégié d’échanges et de coopérations multilatérales ? Il ne s’agit pas de nier les difficultés et les freins à l’intégration qui persistent au sein de cette mer : puissance menaçante de la Russie à travers la distribution d’hydrocarbures, problèmes croissants de pollution notamment nucléaire…

Cependant force est de constater que la mer Baltique est devenue en une dizaine d’années une région intégrée. Cette évolution s’est faite à partir d’une volonté politique partagée et de la mise en œuvre de projets concrets. Ces deux aspects peuvent être illustrés par la création à l’initiative du Danemark et de l’Allemagne de la Conférence des Etats de la mer Baltique en 1992 à Copenhague mais plus encore par l’existence d’un réseau dense de flux de personnes, de marchandises, d’idées et de projets communs. 

A l’opposé, la volonté de l’Union européenne d’une intégration accrue des pays riverains de la mer Méditerranée se manifeste par des déclarations très ambitieuses mais trop souvent dépourvues de perspectives concrètes. Les fractures y sont plus nombreuses et violentes que dans sa petite sœur Baltique (conflit israélo-palestinien, différend frontalier entre le Maroc et l’Algérie, écarts de niveau de vie, déficit démocratique sur la rive Sud, etc.). Et les enjeux y sont beaucoup plus forts : transport d’hydrocarbures, sécurisation et pacification d’un espace de tensions, promotion des droits de l’homme, question complexe de la circulation des personnes d’une rive à l’autre.

Les déclarations « ambitieuses », illustrées par le processus de Barcelone de 1995 et sa relance prévue lors du lancement de l’Union pour la Méditerranée le 13 juillet 2008, dissimulent parfois des objectifs beaucoup moins généreux et des intérêts beaucoup plus égoïstes. Vouloir l’Union de la Méditerranée nécessite un dialogue d’égal à égal et la mise en œuvre progressive de projets concrets dont l’objectif est de créer à terme une intégration méditerranéenne qui n’ait rien à envier à l’intégration baltique. Pour l’heure, les fractures économiques, politiques et sociales ne seront pas réduites par des propositions unilatérales qui dissimulent souvent la peur de l’autre. 

L’objectif de l’Atelier Baltique Méditerranée est de s’appuyer sur des projets concrets mettant en rapport des praticiens et des intellectuels du Nord et du Sud pour établir une liste des champs possibles de coopération et lancer des initiatives modestes mais réalistes, s’appuyant sur l’expérience réussie de la coopération baltique.