De fait, les changements enregistrés ont « quelque chose de bizarre » relève l’auteur de l’étude, Pavel K. Baev, dans la mesure où, en ce qui concerne l’Iran, Moscou avait, au moment où il acceptait la résolution américaine à l’ONU contre ce pays, confirmé un accord la vente de missiles supersoniques à la Syrie, ce qui ne contredit d’ailleurs pas la ligne Poutine d’entretenir les liens avec Téhéran. Et que, en ce qui concerne l’Arctique, où Medvedev est, comme Poutine, partisan d’un compromis au long différend maritime avec la Norvège, la Russie n’a pas davantage répondu à la Commission des Nations Unies sur les limites du plateau continental.
« La concordance presque parfaite entre Medvedev et Poutine dans la mise en œuvre d’une politique étrangère souple et modeste ne résulte pas uniquement d’un souci d’éviter une discorde qui affaiblirait sa crédibilité », souligne la revue. Elle est également entretenue par la crainte d’une querelle élitaire qui serait à coup sûr ravageuse pour la stabilité du pays. La passivité des « masses » et l’absence de compétition entre les forces politiques nationales sont, estime-t-on, la principale réalisation du régime Poutine, mais leur pérennisation pose problème. Les protestations publiques pourraient rester modérées, mais les querelles entre clans corrompus ne peuvent que s’intensifier à mesure que le butin rétrécit. La première réaction naturelle à l’arrivée d’une récession est d’abandonner les ambitions excessives ; le comportement modéré de la Russie vis-à-vis de l’Iran et de l’Arctique reflète cet ajustement. Toutefois, si cette stagnation devait se prolonger, il est à craindre que, pour surmonter une crise entre les élites, le pouvoir soit tenté de lancer une nouvelle mobilisation « patriotique » - et Poutine est le mieux placé pour se lancer dans un tel « remake » désastreux ».
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