Il ne s’agit pas là pour l’ancien premier ministre d’une fonction anecdotique. Il avait déjà, en 1991, favorisé l’adoption du Protocole de Madrid consacrant l’Antarctique comme une "réserve naturelle consacrée à la paix et à la science". Ce protocole avait permis de protéger durablement le continent en interdisant toute activité minière - sauf décision à l’unanimité des parties.
Mais jusque là, rien n’a été fait pour l’Arctique. Or, comme le note Michel Rocard, "depuis peu, l’Arctique est passé de la stabilité multi-millénaire à un cumul d’inquiétudes". L’intérêt accru suscité par ses richesses minérales potentielles et les changements profonds liés au réchauffement climatique (pour la première fois dans l’histoire de la navigation, au cours de l’été 2008, les deux routes navigables autour du pôle Nord qui offrent un raccourci de 4 000 à 6 000 km se sont libérées du fait de la fonte des glaces) pourrait en effet entraîner un renouvellement total des enjeux autour de ce continent.
Or le droit international actuel est encore lacunaire (il laisse l’exploitation de l’Arctique à la libre souveraineté des cinq nations riveraines - Canada, États-Unis, Danemark, Norvège, Russie) et les tensions commencent à poindre. Ainsi le 2 août 2007, les Russes ont planté à la verticale du pôle Nord, par 4300 mètres de fond en plein océan un drapeau en titane pour revendiquer symboliquement leur intention d’exploiter les ressources du pôle Nord. Loin des regards, la tâche de Michel Rocard sera de tenter d’organiser la coopération et la préservation de cette partie de terre encore largement vierge.