A quelques mois des élections européennes, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE veulent montrer à leurs électeurs qu’ils se mobilisent pour lutter contre le chômage des jeunes et qu’ils font de cette lutte une priorité. En recevant à Paris, mardi 12 novembre, ses collègues européens, à l’exception notable du premier ministre britannique, qui n’avait pas souhaité participer à la rencontre, François Hollande s’est présenté comme l’un des acteurs principaux de ce combat, dans la droite ligne de ses engagements électoraux qui ont mis la jeunesse au premier plan de ses préoccupations. « C’est pour la jeunesse de notre pays que je veux présider la France », affirmait-il dans son discours du Bourget en janvier 2012.
A l’issue de la réunion, le président de la République a souligné l’urgence d’une action commune des Européens en faveur de l’emploi des jeunes. Le Sommet du 12 novembre devait permettre aux chefs d’Etat et de gouvernement de s’assurer que « tous les moyens sont mis en œuvre » et qu’une volonté politique existe pour aboutir, au-delà des grandes proclamations, à « des résultats concrets ». « Plus que jamais, il importe de rester mobilisé », a déclaré le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, qui participait aux travaux avec le président de la Commission, José Manuel Barroso, et celui du Parlement, Martin Schulz. La lutte contre le chômage, a-t-il ajouté, est « le but ultime de tous nos efforts ».
5,5 millions de jeunes sans emploi
Selon les statistiques de la Commission européenne, 5,5 millions de jeunes sont sans emploi en Europe. Le taux de chômage des moins de 25 ans est de 23,5 %. Les chiffres varient selon les pays, allant de 61,5 % en Grèce et 56% en Espagne à 8,6% en Autriche et 7,7% en Allemagne, en passant par 26,1% en France. Depuis plusieurs années, les Européens tentent de réduire ce taux. « L’Europe ne peut se permettre de gâcher ses talents et son avenir », a déclaré la Commission en décembre 2012. Certes l’emploi est d’abord du ressort des gouvernements nationaux, et non de l’Union européenne. « Les véritables défis concernent les Etats membres », a encore rappelé Herman Van Rompuy le 12 novembre. Mais l’UE peut agir en complément des capitales européennes : elle peut jouer, selon le président du Conseil européen, un rôle de « facilitation » et d’ « impulsion », en encourageant les « bonnes pratiques », en veillant à une meilleure coordination des initiatives ou en débloquant des aides financières.
Une Initiative pour l’emploi des jeunes a été adoptée en février 2013 par le Conseil européen. Elle a été suivie par une Garantie pour la jeunesse, un dispositif assurant qu’une offre d’emploi, de formation ou de stage sera présentée aux jeunes dans les quatre mois suivant la fin de leurs études ou la perte de leur emploi. Un financement de six milliards d’euros est prévu, qui, ajouté aux dotations du Fonds social européen et de la Banque européenne d’investissement, portera à 45 milliards sur trois ans les subsides européens. Le Conseil européen des 27 et 28 juin 2013 a appelé à « mobiliser toutes les énergies » autour de l’objectif de ramener les jeunes sans emploi ni formation vers le marché du travail ou le système éducatif. Les Etats membres ont été invités à mettre en place des plans de lutte contre le chômage des jeunes, sous toutes les formes possibles, comme le développement de l’apprentissage ou l’encouragement à la mobilité.
C’est pour débattre de ces plans que les chefs d’Etat et de gouvernement se sont réunis d’abord à Berlin le 3 juillet puis à Paris le 12 novembre. Leur prochaine rencontre aura lieu à Rome. Chacun convient que les sommes débloquées à l’échelon européen sont relativement faibles mais elles ont au moins le mérite d’engager l’Union européenne dans une politique de l’emploi dont elle avait tendance à laisser l’exclusivité aux gouvernements nationaux. C’est un pas vers une plus grande solidarité des Etats membres. Il s’agit aussi de convaincre les sceptiques que l’Europe est capable d’agir contre le chômage. « Nous sommes d’accord sur ce qu’il faut faire, a conclu Herman Van Rompuy. Ce qui importe maintenant, c’est de le mettre en œuvre, et rapidement ».