« Newsweek » défend l’Europe

L’hebdomadaire américain Newsweek, dans son édition européenne du 7 juin, titre sur toute la largeur de sa première page : « Défense de l’Europe » (In defense of Europe). Ce titre renvoie à un article de l’universitaire Andrew Moravcsik, professeur à l’Université de Princeton, qui exprime sa confiance dans l’avenir de l’Union européenne. M. Moravcsik entend répondre aux « Cassandre » qui prédisent l’effondrement de l’euro, voire de l’Union européenne elle-même.

« L’extrême pessimisme est prématuré », affirme l’auteur, qui rappelle que l’Europe a déjà fait mentir, dans le passé, les sombres pronostics des Cassandre. Les dirigeants européens ont surmonté les crises précédentes, explique-t-il, non parce qu’ils croyaient ardemment à l’idéal européen mais parce qu’ils habitent la partie du monde « la plus interdépendante économiquement ».

De la crise actuelle, estime-t-il, sortira « une Europe plus forte mais sans le fédéralisme centralisé que recommandent certains ». Pourquoi les pays européens sont-ils venus en aide à la Grèce ? Non par un impérieux sentiment de solidarité ni par enthousiasme pour le projet européen ni pour faire plaisir à Barack Obama ni même pour soutenir l’euro, mais pour défendre leurs propres intérêts. Il s’agissait d’éviter « une désastreuse perte de confiance » dans leurs systèmes bancaires.

M. Moravcsik refuse à la fois le pessimisme de ceux qui jugent inévitable l’éclatement de la zone euro et l’idéalisme de ceux qui plaident pour une plus grande centralisation du pouvoir européen. Il se réclame d’une approche « plus pragmatique » qui passe par la réforme des systèmes bancaires et la restructuration des dettes de certains Etats. « L’Union européenne réussit, conclut-il, parce que ses politiques ne reposent pas sur l’idéalisme mais sur la reconnaissance qu’une union de nations diverses peut trouver des manières réalistes de travailler ensemble »