Nicolas Sarkozy à Beyrouth

Quand Nicolas Sarkozy opère sur le terrain de la politique extérieure, la politique intérieure n’est jamais bien loin. Preuve en est le voyage qu’effectue le chef de l’Etat ce samedi au Liban pour saluer l’élection, le 25 mai dernier, de l’ancien chef de l’armée, Michel Sleimane, à la présidence de la République.

En étant le premier à venir célébrer sur place l’heureux dénouement, grâce à l’accord de Doha, d’une crise politique qui a duré près de 18 mois et qui a failli jeter le Liban de nouveau dans la guerre civile, Nicolas Sarkozy poursuit bien entendu plusieurs objectifs diplomatiques.

Paris accompagne de la sorte l’aboutissement d’un processus dans lequel notre ministre des Affaires étrangères s’est beaucoup investi même si la solution de la crise doit plus aux efforts diplomatiques déployés par la Ligue Arabe et à la médiation du Qatar qu’aux nombreux voyages à Beyrouth de Bernard Kouchner.

La France entend surtout marquer son attachement sourcilleux à l’indépendance du Liban et apporter sa caution au nouveau président dont elle a soutenu la candidature. Enfin, Nicolas Sarkozy manifeste de la sorte la volonté de la France de s’impliquer au Proche-Orient avec une possible reprise du dialogue avec Damas au moment où la Syrie paraît vouloir normaliser ses relations avec Israël.

Toutefois, il est clair que ce voyage a été organisé en sorte de satisfaire un certain nombre de préoccupations de politique intérieure. Si Nicolas Sarkozy a demandé à son Premier ministre de l’accompagner à Beyrouth c’est bien pour faire un geste en direction de François Fillon et tenter de démentir les rumeurs persistantes de discorde entre les deux hommes. Si le chef de l’Etat a souhaité que les dirigeants de l’UMP fassent partie du voyage, c’est encore pour démontrer qu’il en est le seul patron quand certain évoquent un début de divorce entre le chef de l’Etat et la formation majoritaire. Et si, fait exceptionnel, le président de la République emporte dans ses bagages les dirigeants de l’opposition c’est avec l’intention de surprendre l’opinion, de démontrer son ouverture d’esprit et de réaffirmer sa volonté de rompre en tout domaine avec ce que faisaient ses prédécesseurs.

A mi-chemin des préoccupations internationales et intérieures, le projet d’Union méditerranéenne n’est pas absent de ce voyage. Nicolas Sarkozy aspire à faire de la présidence française du Conseil européen au second semestre une grande présidence. Elle s’ouvrira, le 13 juillet prochain à Paris par la réunion des pays du pourtour méditerranéen et les 27 pays membres de l’Union européenne. Le Liban sera présent mais Nicolas Sarkozy espère également convaincre Damas de faire le voyage.

Ainsi fonctionne le cerveau sarkozien. Quand le lobe diplomatique est en action, le lobe politique n’est point au repos.