Nicolas Sarkozy, un capitaine fiévreux face à la crise financière

Les événements liés à la crise financière font ressortir à la fois les vertus et les défauts de Nicolas Sarkozy : un remarquable dynamisme et un pragmatisme sans égal, mais aussi un excès en toute choses et un dangereuse impatience.

Nicolas Sarkozy entend prouver qu’il y a un capitaine à bord du navire dans la tempête financière venue des Etats-Unis et qui frappe à son tour la France et les autres pays européens. Il s’emploie à démontrer devant l’opinion qu’il tient la barre et que l’Etat agit tant au plan national qu’au niveau européen. Il a raison. Le facteur psychologique est essentiel dans la gestion de la crise. Ne pas demeurer inerte face à la tourmente contribue sinon à restaurer la confiance, du moins à éviter que ne se lèvre un vent de panique qui ne ferait qu’ajouter la crise à la crise.

Pour ce faire, Nicolas Sarkozy n’hésite pas à changer de cap économique dans l’espace hexagonal. Il use de sa qualité actuelle de président du Conseil européen pour encourager une action concertée de ses partenaires de l’Union. Président libéral, il préconise un interventionnisme tous azimuts de l’Etat pour garantir la sécurité du système bancaire et renflouer les établissement financiers en perdition. Social, il multiplie les dépenses susceptibles de corriger les effets douloureux de la crise pour les plus démunis : relance des emplois aidés, augmentation de la prime de Noël, promesse de revalorisation des retraites, achat par l’Etat de 30000 logements…

A ses partenaires européens il entend proposer un plan de sauvetage des banques européennes en sorte d’anticiper d’éventuelles défaillances. Mais cette fiévreuse agitation a ses limites et risque de produire l’effet inverse de celui escompté.

Pour financer les diverses mesures annoncées au plan national, le chef l’Etat est contraint de laisser filer le déficit public faute d’avoir la moindre marge de manœuvre tant le budget de l’Etat est exsangue. Son conseiller spécial, Henri Guaino, prône même une mise entre parenthèses provisoire des critères de Maastricht ! Outre que cet endettement croissant est une manière de faire porter aux générations à venir la résolution de nos problèmes actuels, ce renoncement à toute discipline budgétaire nous vaut les foudres de nos partenaires, à commencer par l’Allemagne.

Quant à l’idée d’un plan de sauvetage suggérée de façon prématurée avant la réunion des quatre pays européens conviés à Paris samedi 4 octobre par Nicolas Sarkozy, il a été récusé par avance par Berlin tandis que la plupart des experts économiques doutent de son efficacité, voire redoutent qu’il contribue indûment à accroître les craintes de l’opinion.