Le Général de Gaulle aimait à dire "Il faut naviguer au Sommet car c’est là que c’est le moins encombré..." A l’approche du Sommet de l’OTAN dans Strasbourg" l’Européenne", la querelle faite au Président Sarkozy est hors de propos.
Mieux vaut certainement une France qui assume la plénitude de sa présence au sein de l’OTAN, sans les subtilités byzantines qui pouvaient prévaloir à l’époque au demeurant, fondamentalement différente du Général de Gaulle, de la Guerre froide puis de la détente ou de la coexistence pacifique.
Il ne s’agit plus de perpétuer des archaïsmes ou des anachronismes.
La pertinence géopolitique d’une défense spécifiquement européenne n’est plus à l’ordre du jour. Nous sommes bien loin du débat épique sur la Communauté européenne de défense qui devait être l’embryon d’une Europe fédérale ou pour le moins supranationale.
Les enjeux sont aujourd’hui essentiellement transcontinentaux : une dimension où prévaut depuis bien avant le 11 septembre la primauté d’une certaine idée de la démocratie, avec ou sans "Irak", avec ou sans faux-semblants aussi.
La cohérence de notre attitude en Afghanistan permet de donner le ton. Les incertitudes pakistanaises et iraniennes et les virages qui peuvent intervenir au Moyen-Orient imposent que nous soyons solidaires dans le façonnement des crédibilités nouvelles. Il peut en effet y avoir des polyphonies atlantiques susceptibles de rallier des publics inattendus. En l’occurrence, je ne pense pas à la Russie dont les priorités sont ailleurs !
Il y a aujourd’hui coexistence entre deux mandats, l’un spécifiquement européen et politique, l’autre spécifiquement atlantique et géopolitique ; il existe une complémentarité entre ces deux dimensions car aujourd’hui le facteur de la bipolarité militaire n’éclipse plus tous autres.
Ce constat doit être également fondateur d’une véritable rénovation politique de l’OTAN dont le prochain Sommet devrait "accoucher" d’une Charte du futur, où la Russie pourrait, selon les progrès de sa démocratie, trouver, à terme, une place innovante.
Encore faudra-t-il accréditer l’idée des" convergences- à -terme"... ce qui ne se décrète pas.
Le" militaire" repose sur l’identification et la localisation d’un ennemi commun, le "politique" présuppose une communauté de principes et d’objectifs. Certes les deux peuvent être complémentaires, mais la notion d’ennemi est aujourd’hui plus diffuse que jamais , tout comme celle de "défi" ; les enjeux sont socio-économiques et planétaires, ce qui fait de l’enchère des solidarités une priorité objective et leur quête éperdue une activité diplomatique à plein temps.
L’Union européenne est actuellement le seul véritable" signe" et instrument de maturité politique collective. Elle est un tissu conjonctif politiquement cohérent, mais non pas agrégatif à l’infini. Elle est qualitativement sélective. Les Nations-Unies sont une piscine trop vaste pour des nageurs aux aptitudes inégales ; elles n’en sont pas moins un élément essentiel de la météorologie internationale. L’OTAN par contre doit se donner les moyens d’une réactualisation d’autant plus évidente qu’elle recèle une composante transatlantique fondatrice ainsi que le bras armé de ses ambitions.
Des passerelles institutionnelles inédites pourraient être imaginées et surtout mises en place entre l’Union européenne et l’OTAN, afin de fertiliser la cohérence politique d’un ensemble qui ne manquerait pas de la sorte d’être impressionnant, voire un jour fédérateur.