Obama et les Républicains : consensus sur la politique étrangère

Derrière le pessimisme qui semble avoir saisi les Américains - selon un sondage réalisé par CNN en février, 86% d’entre eux penseraient que leur gouvernement est « cassé » et même « irréparable » - un large consensus est en train de naître entre Barack Obama et le GOP, le Parti Républicain, dans le domaine de la politique étrangère, écrit Robert Kagan, membre de la fondation Carnegie, dans une tribune du Washington Post (5 mars 2010). 

Sur l’Afghanistan, l’Irak et l’Iran - le plus coûteux et potentiellement le plus dangereux des défis qu’aient à affronter les Etats-Unis à l’étranger – bien peu de choses oppose l’administration Obama de la plupart des dirigeants républicains, dans et hors le Congrès, relève M. Kagan. Une forte majorité de Républicains a soutenu le président Obama pour renforcer les troupes en Afghanistan. L’administration, aussi bien que l’opposition républicaine, tiennent à un Irak stable et plus démocratique. Sur l’Iran, les divergences se sont réduites dès lors qu’il était licite de faire pression sur ce que la secrétaire d’État Hillary Clinton appelle la « dictature militaire » à Téhéran. Et les Républicains doivent admettre qu’Obama, par son obstination, a réussi ce que George W. Bush n’a jamais pu faire : convaincre la plus grande partie du monde, et même la plupart des Démocrates, que l’Iran refuse tout accord susceptible de compromettre son programme d’armes nucléaires.

Comment expliquer cette surprenante courtoisie ? En partie, estime Robert Kagan, parce que les Démocrates ont changé en arrivant au pouvoir . « Etre dans l’opposition durant plusieurs années pousse à l’irresponsabilité, et c’est ce que les deux partis ont fait durant les deux dernières décennies » souligne-t-il . L’équipe Obama est arrivée au gouvernement en prétendant qu’elle devrait faire le contraire de ce que Bush a fait ou dit. Les premiers mois, c’était donc la politique du « non-Bush » qui dominait, tout comme l’était la politique du « non-Clinton » au début du mandat de Bush. « Mais les politiques du « non » ne peuvent remplacer une réflexion sérieuse, souligne-t-il. La démarche de l’administration Obama est désormais, sur la plupart des sujets, plus proche de celle de Clinton et Bush que celle des anti-Bush virulents : « cela n’est pas surprenant, car les intérêts américains, pas plus que ceux des autres nations, ne changent en fonction du cycle électoral américain », relève l’auteur.

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