On ne doit pas laisser tomber la France

L’avancée des terroristes islamistes au Mali représente aussi une menace pour l’Europe. Deux avions de transport Transall que la Bundeswehr envoie au Mali constituent-ils une réponse suffisante pour soutenir l’intervention française ? Non, répond Klaus-Dieter Frankenberger, chef du service international de la Frankfurter Allgemeine Zeitung. (La traduction est de la rédaction de Boulevard-Extérieur)

Le ministre allemand de la défense n’est pas de ceux qui se plaisent à représenter l’Allemagne comme une grande Suisse qui ne se préoccupe pas de ce qui se passe dans le monde.Thomas de Maizière voit l’Allemagne comme un pays ayant une responsabilité internationale à laquelle elle ne doit pas se dérober, ce que d’ailleurs elle ne fait pas. Voir l’Afghanistan. Cependant il ne méconnait pas les limites matérielles et politiques de cette responsabilité. De Maizière a récemment souligné que rien n’obligeait à assumer une responsabilité « quand il y a une terrible guerre civile quelque part dans le monde ».

Au Mali, ce n’est pas une guerre civile. Des islamistes et des terroristes ont pris sous leur contrôle une grande partie du pays. C’est ce qui a provoqué l’intervention de la France. De toute évidence, la France a jugé que la situation était extrêmement menaçante. C’est une appréciation que partage la chancelière Angela Merkel. L’avancée des islamistes et des terroristes au Mali est non seulement une menace pour l’Afrique mais aussi pour l’Europe, a-t-elle dit.

S’il en est ainsi, alors la question se pose de savoir si deux avions Transall, que le gouvernement de Berlin a promis, constitue une réponse suffisante à la menace. Et si ce geste de soutien à la France est à la mesure de l’enjeu à quelques jours du 50ème anniversaire du traité franco-allemand. Il semble que le gouvernement, en tous cas les chrétiens-démocrates, considère que ce soutien pourrait prendre de l’ampleur, puisque l’intervention française a été explicitement saluée. Il devrait donc y avoir plus que deux avions de transport.

Pas à la hauteur de la situation

La réserve allemande s’insère dans un tableau plus large ; les Européens ne sont pas à la hauteur de la situation, les Américains offrent une aide « de niche » et ne se mettent pas en avant.

De toute évidence l’expérience de l’Afghanistan nous colle à la peau. Le long combat contre la terreur a été sanglant, sans résultat probant. (Que dis-je « a été » ? Il y a encore 4000 soldats de la Bundeswehr dans l’Hindou-Kouch.)

On n’ose pas imaginer ce qui se passerait si des soldats français étaient pris dans une guerre du désert contre des terroristes extrêmement mobiles. Et pourtant : en intervenant, la France a montré clairement qu’elle n’était pas prête à assister sans rien faire à l’apparition en Afrique du Nord d’une nouvelle base djihadiste. On ne doit pas laisser tomber la France.