Poti, un port géorgien sous la botte russe

Les Occidentaux dénoncent la reconnaissance par la Russie de l’indépendance de l’Ossétie du sud et de l’Abkhazie, mais aussi le maintien en Géorgie de positions avancées des forces russes, notamment près du port de Poti, sur la mer Noire, en violation du plan de paix signé le 12 août 2008. L’envoyé spécial du quotidien allemand Frankfurter Rundschau décrit comment les forces russes prennent le pouvoir sur le terrain. (Source : Frankfurter Rundschau, 26 août 2008)

Le colonel Alexeï, qui commande le bataillon russe stationné dans le port géorgien de Poti, aime les Allemands dont il parle la langue. Aussi n’a-t-il pas hésité à emmener avec lui l’envoyé spécial du quotidien Frankfurter Rundschau quand il est allé expliquer au chef de la police géorgienne, Dito Kakulia, le nouveau partage du pouvoir. Un discours qui montre à quel point les forces russes font fi de la souveraineté géorgienne.

Le colonel Alexeï explique ainsi à Dito Kakulia : « Poti et ses environs font désormais partie de la zone tampon contiguë de l’Abkhazie qui est sous la responsabilité des troupes russes de maintien de la paix, dit le colonel au policer. Il a été décidé que toutes les formations géorgiennes armées seraient désarmées. Nos check points veilleront à ce qu’aucune arme, quelle qu’elle soit, n’entre dans la zone de sécurité. Et toi mon ami, tu vas nous y aider. »

La première tache de la police de Poti, a poursuivi le colonel Alexeï, est de faire en sorte que personne ne manifeste devant les check points russes [il y a eu quelques manifestations ces derniers jours. NDLR]. « Pour ma part je me fiche que vous vous rassembliez dans le centre de la ville pour acclamer votre Saakachvili. Mais pas devant les cantonnements russes. Voilà, ce sera votre travail. »

L’officier russe a déclaré commander un groupe de parachutistes qui appartiennent à une division placée en Abkhazie sous la responsabilité du général Vladimir Chamanov, un ancien commandant de la guerre de Tchétchénie que les organisations des droits de l’homme accuse de massacres de civils et autres crimes de guerre. « Si tu ne coopères pas avec nous, a menacé Alexeï son « collègue » géorgien, j’irai voir Chamanov et je lui dirai : Il y a, à Poti, un chef de la police qui ne veut pas collaborer avec nous. Donc si nous ne nous mettons pas d’accord, mon ami, il n’y aura plus ici ni police géorgienne, ni justice géorgienne, ni quoi que ce soit de géorgien. »