Poul Nyrup Rasmussen ou la synthèse de la gauche en Europe

En plaçant Poul Nyrup Rasmussen dans la course à la présidence de la Commission européenne, le Parti Socialiste Européen a choisi de mettre en avant une figure de synthèse entre le socialisme traditionnel et une gauche moderniste.

Face au président sortant de la Commission, l’ancien premier ministre portugais José Manuel Barroso, le champion de la gauche est un solide Danois de soixante-six ans, Poul Nyrup Rasmussen, qui fut, lui aussi, premier ministre dans son pays avant de céder la place à son homonyme libéral, Anders Fogh Rasmussen, aujourd’hui au pouvoir à Copenhague.

C’est Poul Nyrup Rasmussen qui a mis en place, entre son arrivée à la tête du gouvernement, en 1993, et son départ forcé, en 2001, le fameux système de « flexi-sécurité » caractéristique du « modèle danois » si souvent cité en exemple par les Européens. Ce système, qui assure à la fois la flexibilité du marché du travail réclamée par le patronat et la protection des travailleurs exigée par les syndicats, garantit, en cas de chômage, aux demandeurs d’emploi une formation adéquate et des allocations substantielles. La Commission européenne a multiplié les rapports en faveur d’une telle politique. Pour M. Rasmussen, celle-ci n’est acceptable que si son financement est suffisant, ce qui n’est pas le cas, selon lui, lorsqu’elle est proposée par la droite. Pendant la durée de son mandat de premier ministre, le taux de chômage est passé, souligne-t-il, de 12 % à 4,5 %.

Poul Nyrup Rasmussen a été porté à la présidence du Parti socialiste européen en 2004 avec le soutien des socialistes français mais sans le concours des sociaux-démocrates allemands. Il a été alors préféré à l’ancien premier ministre italien Giuliano Amato, considéré comme plus centriste. M. Rasmussen, qui a fait toute sa carrière dans le syndicalisme avant d’être élu député en 1988 puis président du Parti social-démocrate danois en 1992, un an avant de devenir premier ministre, tente de faire le lien entre le socialisme traditionnel et une gauche moderniste. Cet homme d’origine modeste est un socialiste convaincu, qui n’a cessé de se battre pour la justice sociale. Il s’efforce de porter la parole de la gauche à l’échelle d’une Union européenne majoritairement à droite. La tâche sera rude. Au Danemark même son parti a subi une lourde défaite aux dernières élections législatives.