Pourquoi Merkel fait campagne contre Hollande

« Il m’avait apporté son soutien, il est naturel que je lui apporte le mien dans sa campagne » avait déclaré Angela Merkel dans un récent entretien avec son allié français, Nicolas Sarkozy. En fait, souligne The Economist (18.02.2012), même en se référant aux précédents Mitterrand-Kohl en 1992 et Sarkozy-Merkel en 2009, « ce n’est pas naturel du tout ».

« Tout d’abord, relève Charlemagne, l’éditorialiste de l’hebdomadaire libéral britannique, la chancelière a apporté son soutien à Sarkozy bien avant que celui-ci ait lui-même annoncé sa candidature. De plus, il n’est pas prouvé non plus que son soutien manifeste profite en quoique ce soit à M. Sarkozy. Dans tous les cas, son action semble osée dans la mesure où la cote de M. Sarkozy dans les sondages est bien basse. Pourquoi risquer d’aigrir les rapports avec le probable futur président, François Hollande, avant même son avènement ? ».

La réponse révèle les soupçons que nourrit Mme Merkel envers le candidat socialiste, poursuit l’éditorialiste. « M. Hollande a permis à ses supporters de s’adonner à une rhétorique anti-allemande. Pire, il a dit qu’il voulait renégocier la convention fiscale de l’Union européenne, un traité de discipline budgétaire qui a été âprement négocié. Ce traité sera signé en mars prochain, mais M. Sarkozy ne pourra pas le ratifier avec les élections présidentielles, ce qui donne à M. Hollande une chance de montrer qu’il peut mieux faire. Or, pour la chancelière, ce traité est la pierre angulaire de la stabilité de l’union. Candidate à sa réélection l’an prochain, elles veut être en mesure d’assurer aux électeurs que, ayant mis en jeu des centaines de milliards d’euros pour renflouer les pays les plus faibles de la zone euro, une telle chose ne pourra plus jamais se reproduire ». 

Certes, remarque l’hebdomadaire, la crise de l’euro a changé les règles de la politique en Europe. Toutefois « le calme de M. Hollande et ses manières consensuelles pourraient convenir mieux au tempérament de Mme Merkel que l’impétuosité de M. Sarkozy qui , au Parti socialiste, est un centriste et un pro-Européen . Bien que les Socialistes soient opposés au projet de M. Sarkozy d’adopter un amendement à la constitution imposant l’équilibre budgétaire, M. Hollande a promis de proposer une règle d’or de son cru, à adopter comme une loi ordinaire. Alors pourquoi s’angoisser de le voir entrer à l’Elysée ? », se demande The Economist. (http://www.economist.com/node/21547805).