Le ministre-président sortant, le chrétien-démocrate Roland Koch a sauvé son poste grâce à la performance des libéraux qui sont passés en un an de 9,4 à 16,2% des voix. Le parti chrétien-démocrate a de son côté à peine progressé (37,2 contre 36,8 %). Il n’a pas profité de l’effondrement du parti social-démocrate, qui paie les atermoiements, voire les reniements de sa tête de liste au scrutin précédent, Andrea Ypsilanti. Depuis un an, cette dernière a essayé sans succès de devenir ministre-président de Hesse à la place de Roland Koch, en formant une coalition avec les Verts soutenue par la gauche radicale Die Linke. Un nombre important d’électeurs du SPD n’a pas admis que leur tête de liste ait rompu sa promesse de campagne de ne pas s’allier avec cette gauche radicale, rassemblement de sociaux-démocrates déçus, d’anciens communistes de l’Ouest et d’héritiers de l’ex-parti unique est-allemand. Son échec a provoqué de nouvelles élections, sanctionnées par une défaite historique du SPD dans un Land qu’il a gouverné pendant des décennies.
L’enseignement le plus marquant du scrutin de dimanche dernier est que le désastre social-démocrate – le SPD est passé de 36,7 à 23,7 % des suffrages – a profité un peu aux Verts, qui ont gagné un peu plus de 6 points (13,7 contre 7,5 %) mais très peu à Die Linke, qui passe à peine la barre des 5% nécessaires pour être représenté au Landtag.
Le contexte pouvait paraître favorable à la gauche radicale. La crise économique semble confirmer les thèses du co-président de Die Linke, l’ancien président du SPD Oskar Lafontaine, grand pourfendeur du néolibéralisme. Et pourtant, tout permet de conclure que les électeurs allemands ne sont pas attirés par les discours radicaux. Même si, au niveau national, et grâce à une bonne implantation dans les nouveaux Länder de l’Est, Die Linke est créditée de 10 % des intentions de vote. Un tel résultat aux élections législatives de septembre prochain confirmerait cependant la transformation du système politique allemand, longtemps fondé sur trois, puis quatre, et maintenant cinq partis.
Trois raisons expliquent que la gauche radicale ne profite pas plus de la crise. La première tient aux dissensions au sein de ce parti entre les diverses composantes aux cultures et traditions politiques souvent opposées. La deuxième est liée à l’anticommuniste profondément ancré dans l’opinion (ouest)-allemande même si la disparition de la RDA a déjà près de vingt ans et si Die Linke s’efforce de prendre ses distances tant avec les groupuscules communistes de l’Ouest et les apparatchiks de l’Est. La troisième raison, et sans doute la principale, est que les Allemands dans leur grande majorité se méfient de ce qui peut apparaître comme des solutions miracles. Ils continuent de faire confiance aux partis établis, de sensibilité plutôt centriste, qu’ils penchent plutôt vers la gauche ou plutôt vers la droite. Dans ces temps d’incertitude, ils recherchent d’abord la sécurité.