Si la prolifération demeure le fait d’un nombre limité de pays, souvent également engagés dans des programmes visant à l’acquisition d’armes de destruction massive, elle revêt depuis quelques années une dimension nouvelle à travers l’acquisition progressive de technologies plus performantes en termes de portée ou de capacité d’emport.
La prolifération balistique est ainsi en passe de glisser d’une menace de nature essentiellement régionale ou sous-régionale à un phénomène aux conséquences stratégiques significatives. Les réponses traditionnelles démontrent leur importance mais aussi leurs limites intrinsèques alors que, notamment à travers les exportations nord-coréennes de missiles et de technologies, les pays proliférants disposent d’une source d’approvisionnement échappant à tous les contrôles internationaux.
Face à ce phénomène, les Etats-Unis ont fait depuis une dizaine d’années le choix résolu de se doter de capacités antimissiles en se retirant du traité ABM, en déployant une large palette de systèmes et en engageant des coopérations tous azimuts. Cette politique menée avec détermination par le président Bush ne semble pas abandonnée par l’administration Obama, qui a cependant rouvert un certain nombre de dossiers et engagé une revue de ses priorités en la matière.
Dans les quelques années qui viennent, le paysage stratégique pourrait donc être modifié en profondeur à la fois par l’émergence de nouveaux acteurs dotés de capacités balistiques accrues et par le déploiement de défenses antimissiles. Ce phénomène est déjà engagé en Asie orientale et au Moyen-Orient et pourrait l’être demain en Europe ou en Asie du Sud avec des conséquences stratégiques allant bien au-delà de la simple problématique missiles/antimissiles.