Protéger le Liban contre le conflit syrien

Le Groupe international de soutien au Liban (GIS) s’est réuni à Paris, les 5 et 6 mars, sous la présidence de François Hollande, du président libanais Michel Sleimane et de Jeffrey Feltman, secrétaire général adjoint de l’ONU. Etaient présents les ministres des Affaires étrangères ou les représentants des pays membres permanents du Conseil de sécurité, de l’UE, d’Espagne, d’Italie, d’Allemagne, de Norvège, de Finlande, d’Arabie saoudite, de la Ligue arabe de la Banque mondiale, du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR).

Cinq mois après la première réunion du Groupe à New York, présidée par le secrétaire général des Nations unies, « cette rencontre a été l’occasion d’exprimer notre soutien collectif et notre solidarité au Liban et à ses institutions face à la crise syrienne », selon le communiqué officiel. Trois objectifs ont été fixés : l’aide humanitaire, alors que le Liban accueille plus d’un million de réfugiés soit le quart de sa population ; le renforcement de l’armée et des Forces de sécurité libanaises ; l’appui économique, à travers notamment le fonds fiduciaire mis en place par la Banque mondiale.

Concernant le volet politique et institutionnel, les participants se sont dit « prêts à œuvrer, en étroite collaboration avec le Premier ministre libanais Tammam Salam et son gouvernement » et ont jugé « crucial » que les élections présidentielle et législatives se déroulent selon le calendrier prévu.

Cette réunion a eu lieu alors que la situation s’enlise en Syrie et que près de 50 000 personnes franchissent tous les mois la frontière entre la Syrie et le Liban, menaçant la stabilité du pays du Cèdre particulièrement divisé sur la nécessaire distanciation avec les parties en conflit chez son voisin comme le stipule « La déclaration de Baabda », signée en juin 2012 par toutes les parties libanaises à l’initiative de la présidence libanaise.

La volonté des Nations unies de relancer prochainement les négociations de Genève sur la Syrie vise également à favoriser une intervention humanitaire faute de trouver un terrain d’entente politique. Les milieux occidentaux du renseignement ont acquis la conviction que le conflit pourrait durer encore une décennie.

Il est significatif à cet égard que la réunion internationale sur le Liban se soit déroulée au moment de la très grave crise qui pèse sur l’Ukraine où les lignes de clivage se retrouvent également au Proche-Orient.

Les observateurs spécialisés pensent que seul un rapprochement des points de vue entre l’Iran et l’Arabie saoudite, comme entre la Russie et le monde occidental, favorisera une solution en Syrie et apportera la stabilité au Liban.

On en est encore loin. Les nombreux incidents frontaliers entre la Syrie et le Liban d’une part et Israël, la Syrie et le Liban de l’autre ne manquent pas d’inquiéter de l’extension possible du conflit.

La réunion des 5 et 6 mars a eu au moins l’avantage de dégager un consensus sur la nécessité de stabiliser le Liban sur les plans sécuritaire, institutionnel et structurel face à ce qui est considéré comme « la plus grande tragédie humanitaire depuis le génocide du Rwanda ».