Que l’Italie, comme d’autres pays européens, ait besoin de réformes, qui pourrait le nier ? Que le gouvernement d’Enrico Letta ait avancé trop lentement, qui le contesterait ? Etaient-ce des raisons suffisantes pour que le chef du Parti démocrate (PD) nouvellement élu, Matteo Renzi, procède à un véritable putsch contre un président du Conseil appartenant à sa formation ? Rien n’est moins sûr.
En tous cas, le maire de Florence, qui sera à 39 ans, le plus jeune chef de gouvernement dans l’Union européenne, a pris de gros risques. Il veut aller vite, faire une réforme par mois et rester au pouvoir jusqu’en 2018. Il compte sur sa jeunesse et sur la nouveauté qu’il représente après avoir évincé les caciques du PD dont beaucoup étaient encore issus du Parti communiste. Il veut attirer les jeunes qui, aux dernières élections, se sont laissé tenter par le Mouvement 5 étoiles du comique Beppe Grillo.
Avant même d’être chargé de former le nouveau gouvernement par le président de la République Giorgio Napolitano, il a passé un accord avec Silvio Berlusconi pour réformer le système électoral et diminuer les pouvoirs du Sénat (qui jusqu’à maintenant a exactement les mêmes pouvoirs que la Chambre des députés). L’objectif est d’obtenir plus facilement des majorités stables. L’Italie court après cette réforme depuis des lustres. Mais Matteo Renzi devrait se méfier. Condamné par la justice, le Cavaliere a dû renoncer à son siège de député mais il garde de l’influence et les prédécesseurs de gauche qui ont essayé de passer des arrangements avec lui ont toujours déchanté. Chef d’un gouvernement de gauche, l’ancien communiste Massimo D’Alema en sait quelque chose.
Matteo Renzi a l’avantage d’être nouveau dans la politique nationale italienne. Il peut insuffler un nouveau souffle, secouer les habitudes, s’attaquer aux situations acquises sans être entravé par les tabous. Il ne peut pas toutefois s’abstraire des rapports de forces entre une droite où le parti de Berlusconi donne encore le ton, un centre morcelé et une gauche où les rancœurs des apparatchiks sont encore vivaces. Il n’aura vraiment les mains libres qu’après les prochaines élections. S’il les gagne.